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Citations sur Roman des origines et origines du roman (12)

Le roman se distingue de tous les autres genres littéraires, et peut-être de tous les autres arts, par son aptitude non pas à reproduire la réalité, comme il est reçu de le penser, mais à remuer la vie pour lui recréer sans cesse de nouvelles conditions et en redistribuer les éléments.
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Or à en juger par la volumineuse littérature spécialisée, c'est exactement le contraire qui se produit : plus le genre vieillit et s'étend, en accentuant encore son caractère foisonnant, insaisissable, anarchique, et plus on éprouve le besoin de lui dicter des règles de conduite, une discipline, une morale -, bref de forcer sa nature en restreignant, quand ce n'est pas en niant sa liberté. (p.25)
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Le degré de réalité d'un roman n'est jamais chose mesurable, il ne représente que la part d'illusion dont le romancier se plaît à jouer.
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2ème Idée : Le roman est un genre renié, il est discrédité, les lecteurs de romans sont honteux d’en lire.

Il est encore dans un tel discrédit que Daniel Defoe, qui passe pourtant pour lui avoir donné son premier élan, récuse par avance toute assimilation de son chef-d’œuvre à ce sous-produit de la littérature, qu’il juge tout au plus » bon pour les goujats », et condamné en somme par son public.

A l’en croire, Robinson Crusoé doit être tenu pour une histoire vraie, alors que le roman est un genre faux voué par nature à la fadeur et à la sensiblerie, fait pour corrompre à la fois le cœur et le goût.

Ce jugement péjoratif n’avait d’ailleurs rien de nouveau; au siècle précédent il obligeait les gens de qualité à se cacher pour lire leurs livres favoris, ceux-là mêmes qu’ils déclaraient publiquement indignes des lettrés. Il règne encore dans l’esprit de Diderot, lui aussi romancier honteux, comme il paraît dans Jacques le fataliste, où il démonte les procédés habituels de la narration romanesque de manière à faire apparaître leur part énorme d’arbitraire et de convention. Le philosophe est même tellement prévenu contre le roman que dans l’Éloge de Richardson, où il est pris entre son admiration pour le romancier et le dédain du genre qu’il illustre, il va jusqu’à demander un autre nom pour les ouvrages de cet auteur, celui de roman étant trop bas pour les désigner.
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8ème Idée : Conclusion de Robert Marthe : qu’est-ce que le Roman ?

Il est certain que le roman se distingue de tous les autres genres littéraires, et peut-être de tous les autres arts, par son aptitude non pas à reproduire la réalité, comme il est reçu de le penser, mais à remuer la vie pour lui recréer sans cesse de nouvelles conditions et en redistribuer les éléments. Le roman a une dimension sentimentale et sociale. Il a besoin de l’amour comme moteur puissant des grandes transformations de l’existence.

Le roman ne dit pas lui-même ce qu’il est, mais ce qu’il veut, ce à quoi il tend à travers la croissance apparemment arbitraire de ses formes et de ses idées. C’est donc là qu’il faut se hasarder, non pas certes pour l’enfermer une fois de plus dans un code abstrait, mais pour tâcher de retrouver le noyau primitif qui seul peut-être explique sa culture et sa sauvagerie, sa puissance collective, son individualisme, et l’unité profonde qu’il affirme jusque dans sa situation de genre déréglé.
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6ème Idée : Le roman est un genre indéfini et c’est ce qui le défini.

A la différence du genre traditionnel, dont la régularité est telle qu’il est non seulement assujetti à des prescriptions et à des proscriptions, mais fait par elles, le romans est sans règles ni frein, ouvert à tous les possibles, en quelque sorte indéfini de tous côtés. C’est évidemment la raison principale de son expansion continue, celle aussi de sa vogue dans les sociétés modernes, auxquelles il ressemble au moins par son esprit inventif, son humeur remuante, sa vitalité. Mais théoriquement, ces possibilités quasi illimitées entraînent un manque de définition dont on voit aussitôt le grave inconvénient, car si le roman est indéfini et jusqu’à un certain point indéfinissable, forme-t-il encore un genre peut-on le connaître comme tel ? Ne faut-il pas plutôt se contenter de le comprendre dans ses œuvres isolées, par les énoncés partiels, les analyses purement descriptives qu’elles suscitent au jour le jour ? Ou pour formuler la question autrement : Peut-on concevoir une théorie du Roman ?

5ème Idée : Ce manque de définition frustre beaucoup d’auteur et tente de donner une définition et de classer ce qui est et ce qui n’es pas un roman. Maupassant montre que cette démarche n’est rien d’autre que de « l’incompétence ». Il faut accepter que le Roman n’ai pas de définition.

Les critiques semblent tenir l’existence d’un genre romanesque pour un fait avéré, du moins le laissent-ils supposer toutes les fois qu’ils disent par exemple: tel livre est un roman, tel autre n’en est pas un et devrait par suite porter un autre nom. Un pareil jugement n’est évidemment recevable que s’il s’appuie sur un principe général propre à rendre compte la fois des particularités innombrables des œuvres et de leurs caractères communs. Le romancier est parfaitement en droit de le récuser et d’user pour cela de l’argument irréfutable que Maupassant fit un jour valoir dans une circonstance analogue, à propose de Pierre et Jean, à quoi les critiques reconnaissent des qualités, mais contestaient le nom même de roman : « Le critique qui, après Manon Lescaut, Monte-Cristo, Don Quichotte, les Liaisons Dangereuses, Les affinités électives, Candide, le Père Goriot, Le Rouge et le Noir, Salammbô, Madame Bovary, l’Assommoir, etc., ose encore écrire : Ceci est un roman et cela n’en est pas un, me paraît doué d’une perspicacité qui ressemble fort à de l’incompétence… Si Don Quichotte est un roman, le Rouge et le Noir en est-il un autre ? Si Monte-Cristo est un roman, l’Assommoir en est-il un ? Peut-on établir une comparaison entre les Affinités électives de Goethe, les trois Mousquetaires de Dumas, Madame Bovary de Flaubert etc.? La quelles de ces œuvres est un roman ? Quelles sont ces fameuse règles ?… ». Ainsi, en toute rigueur, le Critique devrait reconnaître que tant qu’il n’a pas trouvé les règles en dehors desquelles une histoire écrite n’aurait pas droit au nom de roman; tant qu’il ignore ce qui, dans tous les cas passés, futur, présent, légitime ou proscrit l’emploi même du mot, il est tenu de suspendre son jugement.
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5ème Idée : Le roman n’a pas de limites, il peut faire ce qu’il veut, il peut retranscrire la réalité authentiquement ou la modifier.

De la littérature, le roman fait rigoureusement ce qu’il veut: rien ne l’empêche d’utiliser à ses propres fins la description, la narration, le drame, l’essai, le commentaire, le monologue, le discours; ni d’être à son gré tour à tour ou simultanément, fable, histoire, apologue, idylle, chronique, conte, épopée; il peut contenir des poèmes ou simplement « être poétique ». Quant au monde réel avec lequel il entretient des relations plus étroites qu’aucune autre forme d’art, il lui est loisible de le peindre fidèlement, de le déformer, de le juger. Il peut prétendre changer la vie par la seule évocation qu’il en fait à l’intérieur de son monde fictif.
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3ème Idée : 19ème siècle le roman s’assume, Balzac n’a plus peur de publier. Le succès que connait le roman c’est en parvenu, il n’a pas de limite, pas de lois qui le contraint c’est en cela qu’il est supérieur aux autres genres, il copie les genres sans limites. Il tend à l’universel. Il est libre.Il est vrai que ce mépris des gens de goût n’empêche nullement le roman de faire son chemin: vers le milieu du siècle déjà, ni les lecteurs, ni les faiseurs de romans n’ont plus à rougir de leur genre de prédilection. Et un siècle plus tard, Balzac pourra sans craindre le ridicule se dire » le secrétaire de l’Histoire » et poser la Comédie Humaine comme le pendant, ni plus ni moins, de l’épopée de Napoléon.

La fortune extraordinaire qu’il a connue en si peu de temps, c’est vraiment en parvenu que le roman l’a gagnée, car, à y regarder de près, il la doit surtout à ses conquêtes sur les territoires de ses voisins, qu’il a patiemment absorbés jusqu’à réduire presque tout le domaine littéraire à l’état de colonie. Passé du rang de genre mineur et décrié à une puissance probablement sans précédent, il est maintenant à peu près seul à régner dans la vie littéraire, une vie qui s’est laissé façonner par son esthétique et qui, de plus en plus, dépend économiquement de son succès. Avec cette liberté du conquérant dont la seule loi est l’expansion indéfinie, le roman, qui a aboli une fois pour toutes les anciennes castes littéraire, s’approprie toutes les formes d’expression, exploite à son profit tous les procédés sans même être tenu d’en justifier l’emploi. Et parallèlement à cette dilapidation du capital littéraire accumulé par les siècles, il s’empare de secteurs de plus en plus vastes de l’expérience humaine, dont il se targue souvent d’avoir une connaissance approfondie et dont il donne une reproduction, tantôt en l’interprétant à la façon du moraliste, de l’historien, du théologien, voire du philosophe et du savant. Le roman tend irrésistiblement à l’universel, à l’absolu, au tous des choses et de la pensée; par là sans aucun doute il uniformise et nivelle la littérature, mais d’un autre côté, il lui fournit des débouchés inépuisables puisqu’il n’y a rien dont il ne puisse traiter. Genre révolutionnaire et bourgeois, démocratique par choix et animé d’un esprit totalitaire qui le porte à briser entraves et frontières, le roman est libre. Paradoxalement cette liberté est celle du parasite car par une nécessite de sa nature, il vit à la fois aux frais des formes écrites et aux dépens des choses réelles dont il prétend » rendre » la vérité, et cela semble accroître ses forces.
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Novalis

1er Idée : Le Roman est un genre récent, mais son origine est indécise. Ce genre n’a pas de définition concrète,

Quoiqu’on le tienne ordinairement pour le descendant des grandes formes épiques du passé, le roman au sens où nous l’entendons aujourd’hui est un genre relativement récent, n’ayant plus que des liens très lâches avec la tradition dont il est issu. Né selon les uns avec l’inoubliable équipée de Don Quichotte, selon les autres avec le naufrage et l’île déserte de Robinson Crusoé, le roman moderne, malgré les nobles origines que lui reconnaît l’historien et dont parfois il se réclame lui-même, est en réalité un nouveau venu dans les Lettres, un roturier qui a réussi et qui, au milieu des genres séculairement établis qu’il a peu à peu supplantés, fait toujours un peu figure de parvenu, voire quelquefois d’aventurier. En 1719, date communément admise pour sa naissance officielle.
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« Un roman est une vie prise en tant que livre. Toute vie a une épigraphe, un titre, un éditeur, un avant-propos, une préface, un texte, des notes, etc. Elle les a ou peut les avoir. »
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