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Critique de Pois0n


Nora Roberts est une autrice si prolifique qu'elle possède carrément une collection lui étant dédiée dans le catalogue d'Harlequin. Romance contemporaine, historique, romantic suspense... on y trouve de tout, y compris du bon et du moins bon. Ce qu'illustre parfaitement ce recueil, où un récit anecdotique en côtoie un excellent.

« Un homme à aimer » est un court roman d'une centaine de pages environ. Et le moins qu''on puisse dire, c'est que l'on comprend assez vite qu'il est paru en 1994 outre-Atlantique. Si certains détails brouillent assez bien son âge (les personnages sont pourvus des premiers téléphones et PCs portables), on est toujours à l'ère du fax et la simple association jupe + leggings que porte Zoe à un moment donné est considérée comme une tenue osée. Mais c'est surtout dans la vision assez machiste de Coop que cette histoire semble vraiment datée par moments, notamment à travers sa vision de la mère de famille (qui n'est pas censée être attirante ni assumer deux jobs à temps partiel, alors qu'un homme pourrait l'entretenir), franchement irritante au bout d'un moment. Pourtant, Zoe n'a de cesse de le remettre à sa place. Encore heureux...
Mais il n'y a pas que du mauvais dans cette histoire, loin de là. C'est un fait, Coop n'aime pas les enfants et ses premiers contacts avec Keenan sont pour le moins crispés. Quand l'on n'aime soi-même pas les gosses, force est d'avouer que Nora Roberts a très bien su retranscrire son malaise ! Et pourtant, Keenan est indéniablement le point fort du roman. le gamin se montre hyper attachant, impossible de ne pas sourire face à ses petites bêtises ni sa spontanéité désarmante. Comme Coop, je me suis fait sacrément piéger par ce gosse, puisque je me suis surpris à *sourire* durant ma lecture à cause de lui !
A côté de ça, la romance se montre finalement assez anecdotique comparé à la mise en place involontaire de la vie de famille des protagonistes. Et la conclusion n'arrange rien, tant les revirements tant de Coop que de Zoe tombent comme un cheveu sur la soupe ! C'est dommage, car, jusque-là, le récit était plutôt bien rythmé.
Bref, c'est mignon mais vieillot, un peu bâclé sur la fin, et Nora Roberts a clairement écrit bien mieux, mais ça se lit. (5/10)

Et le « bien mieux », ça tombe bien, on y a droit avec le plat de résistance de ce tome, à travers les 255 pages de « Le destin de Camilla ». Un titre français qui tombe à plat, le texte comportant un certain nombre de références voire jeux de mots évoquant le « joyau de la Couronne » (le titre original étant « Cordina's Crown Jewel », le surnom de ladite Camilla). Autant le dire tout de suite, cette fois, on comprend sans mal pourquoi Nora Roberts est la reine incontestée du roman sentimental.
Camilla est une princesse certes, mais une princesse au bord du burn-out. A tel point qu'elle en vient à fuir. Exit les responsabilités et la pression médiatique, la voilà incognito sur les routes américaines à la recherche d'elle-même et d'un peu d'air frais. du moins jusqu'à ce qu'un orage et un cerf en décident autrement...
Les deux premiers tiers du roman se déroulent en huis-clos dans le chalet de Delaney, perdu dans les bois au fin-fond du Vermont. Par la force des choses, l'archéologue en convalescence et la princesse en manque de calme se retrouvent à bénéficier mutuellement de la situation : le premier héberge la seconde, qui devient son assistante temporaire.
Il ne faut pas très longtemps pour se rendre compte d'une chose, à savoir que ce bouquin est génial. D'une part, l'archéologie fait réellement partie du récit. Et au lieu de mettre l'accent sur les fouilles, on a plutôt droit au travail invisible, celui qui consiste ensuite à inventorier les reliques découvertes et découvrir ce qu'il est possible d'en apprendre. Tout un travail d'observation, de déduction, et, parfois, de spéculation, dont l'on n'entend parler que trop rarement. Sans oublier la nécessiter de communiquer sur l'avancement des recherches histoire de ne pas perdre en route les investisseurs qui financent le projet.
Ensuite, il y a les personnages. Camilla, issue du mariage entre une princesse et un roturier – fermier de son état – n'hésite pas à se salir les mains. En outre, elle sait ce qu'elle veut et n'hésite pas à prendre l'initiative envers Delaney : ici, c'est elle qui mène la danse face à un héros bourru et plutôt passif. Une héroïne indépendante, pourvue d'un caractère bien trempé et et lumineux.
Mais il n'y a pas qu'elle : si les autres personnages sont introduits assez tardivement dans le récit, les familles des deux héros et en particulier leurs mamans valent franchement le détour. Des parents crédibles, humains, auprès desquels on rit parfois carrément. Entre les archéologues délurés et la famille royale à deux facettes (la première, publique et guindée ; l'autre, foutraquement normale), l'alchimie est immédiate.
Et puis il y a la douce ambiance du Vermont, les répliques qui font mouche éparpillées d'un bout à l'autre du récit, les mini surprises auxquelles on ne s'attend pas, le côté « conte de fées moderne » inhérent aux romances royales bien présent... Une foule de petites choses qui, toutes ensemble, contribuent à faire de cette histoire un véritable coup de coeur !
Alors certes, tout n'est pas parfait pour autant. C'est le cas jusqu'aux deux tiers du récit environ, où survient le plot twist dont on se doutait depuis le départ. A partir de là, la narration devient parfois brouillonne, notamment lors des disputes qui manquent sacrément de naturel... mais pas autant que les tentatives de réconciliation derrière ! Mais l'on déplorera surtout une fin bien trop abrupte, qui laisse un arrière-goût d'inachevé à une histoire au rythme jusqu'ici parfaitement maîtrisé. Ceci dit, ne boudons pas notre plaisir : « Le destin de Camilla » est de loin le meilleur Nora Roberts que j'ai lu !

Au final, si Keenan ne se montrait pas si attachant, on regretterait presque que « Le destin de Camilla » n'ait pas été réédité tout seul tant la différence de qualité entre les deux histoires du recueil est flagrante ! Mais bon, il faut dire que la barre est sacrément haute, et le livre dans son ensemble est tout de même très bon.
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