Les Héritiers d'Enkidiev, tome 11 : Double allégeance

- Est-ce que je t’ai dit que tu es la plus merveilleuse de toutes les femmes ?
- Oui, à quelques reprises, mais je ne me lasse pas de l’entendre.

Depuis qu'il avait épousé Amayelle, il avait habité à Émeraude, puis chez les Elfes, pour enfin revenir sur leur première ferme. Avec le départ de Kevin, il se retrouvait séparer de ses deux meilleurs amis. Bien sûr, tels Jasson et Bergeau, mais il n'entretenait pas avec eux le même genre de complicité...
Lorsqu'il revint finalement à la chaumière, le soleil se couchait. Son bol de potage l'attendait sur la table. Il avait refroidi.
- Tu en mis, du temps, lui reprocha Amayelle.
- J'avais besoin de réfléchir.
- Ne me dis pas que tu songes encore à aller t’établir dans cette ville sans âme où toute les maisons en pierre ont été façonnées par de la magie ?
- Je ne vois pas les choses de la même manière que toi, ma chérie. Ce qui m’attire à Espéritia, ce n’est ni le paysage, ni l’architecture. Ce sont mes amis. Ils me manquent terriblement.
- Donc, ta famille ne suffit plus à te rendre heureux ?
- Nous n’avons plus de projets d’avenir, ni de plaisir non plus… Notre fils de sait même pas rire.
- Et c’est moi que tu blâmes pour son absence d’émotions ?
- Je m’y suis habitué, Amayelle, car les Elfes sont tous ainsi.
- C’est mon peuple qui te déplaît, si je comprends bien ?
- La passion entre nous s’est envolée, sauf dans mes rêves. Alkar et toi formez une unité close où je n’ai plus ma place.
- Si c’est vraiment ce que tu ressens, alors, nous allons y remédier tout de suite. Je vais retourner vivre avec les miens et tu seras libre de faire ce que tu veux.
- Et Alkar ?
- Il viendra avec moi, bien sûr.
Sans répliquer, Nogait quitta la table sans avoir touché à sa nourriture. Il sortit et se rendit jusqu’à la rivière qui traversait ses terres, à quelque mètres de ses bâtiments, et s’assit près de l’eau pour réfléchir. (178-179)
(…)
- Nogait ? s’étonna Kevin en le reconnaissant.
- Je ne veux surtout pas vous déranger… mais puisque la ville était déserte, j’ai pensé que je vous trouverais tous ici.
- Mais comment es-tu venu jusqu’à Espéritia ?
- Je n’ai eu qu’à en faire la demande à notre bon roi.
- Viens t’asseoir, le convia Sage.
Nogait pris place entre ses deux amis.
- Où est ta famille ? chuchota Kevin.
- Amayelle est en route pour le Royaume des Elfes.
- Vous n’êtes plus ensemble ? se chagrina Maïwen.
- Vous en reparleez plus tard, les avertit Sage.
Le nouvel arrivant hocha tristement la tête et tâcha de de se concentrer sur les discours des autres habitants afin d’oublier son chagrin. (184-185)

- Ça vous plaît, jusqu’à présent ? s’enquit-il.
- Oui, mais ce serait mieux s’il y avait des fleurs partout dans la ville ! s’exclama Maiia.
Lorsqu’ils arrivèrent au bout de leur rue, ils s’arrêtèrent net en apercevant de gros pots de fleurs multicolores devant chacune des maisons !
- Est-ce que je pourrais avoir un chat ? murmura Opaline en levant les yeux au ciel. (182)

Patient et dévoué, Roldan attendait qu'elle assimile la technique du combat. Lorsqu'il vit qu'elle commençait à faiblir, il fit un faux mouvement et permit à la pointe de son épée de lui érafler le bras.
-Oh! s'exclama-t-elle en abaissant sa rapière.
-Je suis votre ennemi! Achevez-moi!
-Vous êtes mon maitre d'armes! Il n'en est pas question!
Un serviteur arriva en courant dans la cour.
-Lady Theansdras, votre fille vient de perdre ses eaux! l'informa-t-il.
-Pardonnez-moi, fit la déesse à l'intention du capitaine.
Sans attendre sa réplique, elle fonça dans le palais, derrière le domestique. Elle courut dans le long couloir et fit irruption dans la chambre de sa fille. Couchée sur le lit, tenant la main de Mahito, Jenifael écarquilla les yeux en l'apercevant.
-Mère?
Theansdras ne se rendait pas compte du spectacle qu'elle offrait avec ses vêtements d'homme, ses cheveux noirs collés sur sa tête par la sueur et son épée à la main.

– Commencez par terminer votre repas de ce soir, jeunes pies, les taquina l'ancien souverain. Et tâchez de dormir, car demain, nous replongeons dans l'inconnu.
– Je n'ai pas peur, fanfaronna Ayarcoutec avec un air de bravoure.
– L'audace ne doit pas nous pousser à faire fi de la prudence, princesse, recommanda Cherrval.