Tu es sans nom
Tu es sans nom
l’eau le vent la lumière
l’air qui porte l’oiseau
la trace de son chant
tout ce qui contient
tout ce qui dissipe
les branches mortes de l’hiver
les fruits du printemps
la transparence des lacs
la fraîcheur de l’ombre
l’instant orphelin
d’hier et de demain
que tu tiens entre tes mains
Tu marches près de moi
Tu marches près de moi
avec tes abîmes et tes neiges
Nos coupes de cristal
se heurtent et vibrent
dans le ciel vide
Les appels ont des ailes
qui égarent les anges
Naître au tremblement
Naître au tremblement
des feuilles dans la lumière
avant le repli de l’ombre
la fraîcheur de l’oubli
Cheminer avec le vent
sans souci des frontières
Du rocher à l’eau vive
préserver la fissure
la soif — sa brûlure
Nous voici porté par la vague
Nous voici porté par la vague
jusqu’à ces feux pirates
qui nous détournent du rivage
Nous voici objets de colère
fouettés par les orties du rêve
sans recours à la prière
Nous voici prisonniers du silence
avec ces mots de sable
cette poussière d’étoiles
La joie la plus ancienne
fait briller les yeux des sentinelles
Je t'ai cherché…
Je t'ai cherché parmi les ombres et les jours
ciel vide que traverse un oiseau
J'ai suivi la trace de l'aile du vent et du nuage
pour apaiser parfois ma course sans repos
Je sais de toi la longue attente ‒ la raison
qui s'affole aux signes trompeurs de ta venue
l'insomnie qui guette des lueurs d'incendie
les rêves aux odeurs de mousse et de fougères
qui signalent l'approche d'une source perdue
J'ai marché longtemps dans la forêt de ton absence
sans étancher ma soif ni réchauffer mes mains
qui tâtonnent dans la nuit