Va au plus simple…
Va au plus simple
au plus léger
avec des mots nus
sans habits de fête
Des mots de source
de brise de poussière
Énonce seulement
cela qui brille encore
au fond de la rivière
où tant d'eau est passée
Une perle scintille
dans la boue du lisier
Les fleurs renaissent au bord du chemin
Ne garde que la lumière
Né de la nuit du feuillage…
Né de la nuit du feuillage
le trille se renouvelle
appel discret
pour un chemin de joie
Franchir à sa suite
la frontière émeraude
qui tremble dans la lumière
Puis sans paroles ni prières
s'accorder au silence
de l'oiseau invisible
À l’ombre des chênes
À l’ombre des chênes
l’oiseau s’est remis à chanter
Un rire d’enfant soulève
la poussière des années
Tu heurtes le soleil
jailli de tes décombres
Ne regarde pas en arrière
Ne regarde pas en arrière
Ne reviens pas sur tes traces
Le destin de ce qui fut
est gravé dans la lumière
qui brille devant toi
Il en est du passé
comme d’une brassée de fleurs
dont ne reste que le parfum
Ou de ces allées forestières
qui conduisent aux clairières
sur un tapis de feuilles mortes
De la source à l’embouchure
les eaux du fleuve se renouvellent
Ce qui fut n’est que poussière
dansante sous le soleil
Tu t’agites…
Tu t’agites t’agites encore
vague brouillonne qui creuse en
vain le sable avant de disparaître
Un pas de plus
La lumière se retire
Un dernier regard au ciel qui noircit
C’est l’heure où tu trébuches
sur ton ombre – où les voix
se perdent dans le vent de la nuit
Dans le silence revenu les arbres
respirent