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Critique de SeriallectriceSV


Un roman policier noir atypique.

Un concentré d'humanité et de poésie.

Un rapprochement touchant et inévitable entre deux écorchés, Amaury Marsac, chef de groupe à la criminelle, et Lise Brugguer, membre de son équipe.

Une rencontre touchante avec un petit être de lumière, Liv (quel doux prénom), petit ange, aux mains qui papillonnent, petite Miss Butterfly, qui se répète ses petits mots magiques, MamanAmour, PapaLàHaut, Juliette Chérie, AmauryDouceur, MarcRainbow, des mots pour seule arme qu'elle « envoie combattre la peur qui veut revenir près d'elle et l'étreindre. » Un petit être fragile et lumineux à la fois, vecteur de paix et de bonheur, qui aidera Amaury et Lise à vivre au présent, à retrouver confiance et sérénité.
La différence comme sacerdoce, comme électrocuteur, comme éveilleur de conscience. « Contre toute attente et en dépit de ses effroyables silences, Liv les attire dans un monde meilleur, celui de la différence, mais aussi de la candeur, des coeurs qui palpitent plus fort à son contact, de l'envie qu'elle fait naître de se surpasser. Oui, cette enfant est aussi un bonheur. »
« [...] l'homme est une machine que l'on ne peut toucher sans danger lorsqu'on ne la connaît pas. Il a oublié l'auteur de cette sentence mais pas la mise en garde. »
Une double enquête et une petite fille autiste à protéger attendent Amaury. Il va se retrouver dans « un kaléidoscope hypnotique » ou plus simplement, dans un beau bordel. Alors comment réussira-t-il à « s'exfiltrer du nuage de fractales qui l'ensevelit ? » À vous de le découvrir ;-)

Ce que je peux vous dire, c'est qu'Amaury Marsac est un être bienveillant et doux, aux valeurs fortes, qu'il entend le hurlement prémonitoire des nuits sombres et maîtrise les arcanes de la folie, qu'il est entouré d'une équipe solide et d'un ami, sur qui il peut compter en toutes circonstances. Un chef bienveillant, qui découvrira que son équipière « a eu un père à l'égard duquel il ne trouve pas de qualificatifs. », que « Sous les murmures d'amour se cachent parfois de belles saloperies. Mais la vérité on ne la contourne pas longtemps, et elle vient de [lui] sauter à la gorge. »
« Plus tard, elle deviendra flic pour défendre les orphelins du monde entier, comme Fantômette dont elle dévore les aventures, à l'école. Sa mère et Papa-like incarnent la mort; elle sera la vie .»
Si pour un enfant, la mère ne joue pas son rôle de protectrice bienveillante « Alors la petite n'a plus de larmes, elle est sèche, elle pourrait casser comme une brindille. »

Instaurer une bulle d'amour et de bienveillance autour de son enfant est une nécessité. Être à l'écoute. Déceler un malaise. Anéantir l'ogre qui sévit sournoisement dans le cocon. À défaut, l'équilibre familiale est rompu et le coeur poignardé.

L'enquête n'est pas classique. Pas de scènes crues, pas de détails gores. C'est à distance, de loin, que le lecteur suit les avancées de l'enquête, au calme, en apparence. le temps est comme suspendu et le suspense monte crescendo.

« « Il faut deux rivages à la vérité : l'un pour aller, l'autre pour son retour. » Deux rivages à la vérité. Marsac pressent que le trajet sera long, qu'il lui faudra avaler le brouillard et se battre contre les ténèbres. »

C'est sur un terrain psychologique que l'autrice nous fait glisser et frémir d'émotions.
Une plume délicate et sensible pour parler des passés tus car difficiles à porter. « [Leurs] souvenirs qui tambourinent à la porte de [leur] mémoire et [les] consument. » « Oui, le passé s'infiltre dans notre vie, la marque d'empreintes qu'il suffit de savoir déchiffrer pour une meilleure compréhension du présent. »
Pour parler des difficultés de la vie.

« Quel bordel la vie. Ça ne changera jamais. Oui. Il en est convaincu. Les pires pages de l'histoire de l'humanité se répètent sans cesse et, de l'outre à la canette, l'Homme, quel que soit l'endroit sur cette Terre, n'a finalement que très peu évolué. Et il regrette instantanément sa Sibérie. Là-bas, le danger s'identifie au premier coup d'oeil, le froid saisissant, la neige quasi éternelle, les ours bruns, les grammes de vodka, mais rien de pernicieux, alors qu'ici tout lui apparaît plus flou, plus traître et infiniment plus douloureux. »

Deuxième livre en quelques jours qui évoque les splendeurs des paysages autour du lac Baïkal; il faut que je déniche un livre graphique sur cette destination. Je vais laisser mes yeux me transporter dans ces contrées revigorantes et faire chavirer mon coeur. « Une perfection de carte postale, démesurée, sauvage et quasiment indomptée, qui a fait chavirer son coeur d'homme éprouvé par la vie et de flic épuisé. Cette couche de glace à perte de vue, il la reçoit comme une page vierge sur laquelle il pourrait, peut-être, écrire un bout d'histoire qui lui conviendrait enfin. »

Un grand merci aux éditions Calmann-Lévy et à Babelio.
Évitez les ogres, mais n'évitez pas ce livre !

« Allez viens, Miss Butterfly, je t'emmène écouter les rires des mouettes de Paris sur les bords de la Seine. Il fera meilleur là-bas, tu vas voir. »
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