Le poète lyonnais et martiniquais
Michael Roch, croyez-moi, est un bon fêtard. J'en ai un souvenir ému. Mais voilà, lorsqu'il écrit un roman d'anticipation, il ne rigole plus.
Les choses immobiles, roman publié chez une très belle maison de science fiction, Mu, est dans la lignée de
Té Mawon (éd. La Volte) :
Michael Roch crée sa langue, du français mâtiné de créole, avec un ou deux mots de lyonnais pour la route. Dans
Té Mawon, l'auteur avait fait un miracle de langue nouvelle, créative, salué par Monsieur
Patrick Chamoiseau himself... et qui rendait la lecture de ce roman très difficile pour qui n'a jamais eu à entendre (c'est mon cas) de créole martiniquais.
Ce n'est pas le cas de ce nouveau roman, dont l'histoire est assez simple. Un homme revient au péyi après la mort de son père, en métropole où ils vivaient. Son fréro l'accueille, et l'embarque sans transition dans sa révolution indépendantiste.
La qualité littéraire de ce récit violent, où l'on visite les pensées confuses et les désirs d'un homme qui ne sait se positionner dans la lutte décoloniale qu'on lui impose, est indéniable. Les trouvailles se succèdent, le style est sans faille, travaillé, bref, beau. Pourtant, il m'est arrivé ici ou là de sauter quelques passages, le narrateur s'attardant un peu trop sur son nombril et pas assez sur l'histoire. En fait, si je devais critiquer mon camarade de bringue (à Nîmes), c'est qu'il a oublié parfois que chaque chapitre doit être utile à l'histoire, que chaque paragraphe doit être utile au chapitre.
Il n'en reste pas moins que
Michael Roch est un écrivain que je ne cesserai de suivre avec passion, et admiration. (A lire aussi, son premier roman, Moi,
Peter Pan, chez Mu !)