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Critique de domi_troizarsouilles


Quelques jours après avoir terminé ce livre, je reste perplexe et plutôt pas convaincue par ce récit qui m'attirait pourtant… Je l'avais choisi car il complète idéalement l'une ou l'autre consigne des différents challenges auxquels je participe, et le résumé m'avait l'air tout à fait intéressant. Je précise aussi d'emblée : j'ai remarqué que d'innombrables commentaires, peut-être même tous (en tout cas une très grande majorité), comparent ce livre au célébrissime « Da Vinci code ». Pas de chance pour moi – ou au contraire, si ? – je n'ai jamais lu ce livre-là, ni vu le film… tout simplement parce qu'il ne m'a jamais intéressée (je n'étais pourtant pas encore en « panne de lecture » à sa sortie !) ; je suppose que je n'avais, à l'époque, pas d'attrait particulier pour les thrillers, et encore moins ésotérico-historiques. À ma décharge (s'il en faut une), je suis restée longtemps sur une impression d'échec plus ancienne, car des années plus tôt, j'avais déjà été complètement déroutée par un autre succès phénoménal du genre : « le nom de la rose » (certes placé à une autre époque) - j'avais essayé le livre comme le film, mais n'étais arrivée au bout ni de l'un, ni de l'autre. Il faut dire : les deux sont sortis à une époque où j'étais sans aucun doute bien trop jeune pour pouvoir les appréhender, et je n'ai jamais retenté l'expérience par la suite, me fermant dès lors la porte, par effet de ricochet, à un certain nombre d'autres romans du genre.

C'est donc avec un esprit vierge de toute référence que j'ai entamé ce livre-ci, même si certaines de mes lectures récentes, tout à fait par hasard, traitaient également de manipulations souterraines, mais dans d'autres domaines, sans lien avec le Vatican ou la religion en général.
Tout tourne donc autour de la mort, considérée comme suspecte, du pape Jean-Paul Ier, après seulement 33 jours de pontificat. Des années plus tard, des documents secrets, potentiellement explosifs, annotés de sa main, sont retrouvés par un brave évêque dans les Archives du Vatican… Cet évêque prend alors une série de mauvaises décisions, mais tente néanmoins de mettre lesdits papiers à l'abri, ou en tout cas entre de meilleures mains que le panier de crabes que représente le Vatican à ses yeux… Entrent ainsi en scène Sarah Monteiro, jeune journaliste portugaise vivant à Londres, et l'énigmatique Rafael, agent surentraîné appartenant à on ne sait pas trop à quelle obédience, qui protège Sarah autant qu'il la malmène, au fil des événements et d'un voyage à travers les continents, qui ressemble bien davantage à une fuite en avant sans cesse renouvelée, qu'à une réelle quête ou tentative d'établir la vérité que semblent receler ces fameux documents.

Ce livre prétend s'appuyer sur des faits réels, ou en tout cas de personnages réels, qui sont d'ailleurs détaillés en fin de volume, indépendamment de l'histoire même. Les liens du Vatican avec des banques plus ou moins douteuses, avec la mafia ou la maçonnerie aussi (entre autres), semblent donc avérés… mais bizarrement, ne m'ont pas choquée, dans le sens où les malversations financières et éthiques de l'institution de référence de la chrétienté catholique, ne sont (hélas) pas une grande nouveauté. le centre du pouvoir séculier de l'Église catholique traîne de telles casseroles depuis sa création ou presque (on parle des croisades ? ou de son silence pendant la 2e guerre mondiale ?), et s'est vraisemblablement adaptée aux malfrats financiers de son époque – au moins pour ça, elle est « à la page » ! Que les catholiques du monde entier continuent d'y croire « malgré tout » est une affaire de foi, après tout, qui transcende très certainement ces aspects cachés (mais pas tant que ça), qui sont très peu excusables (dans la mesure où ils sont bien éloignés du message des Évangiles, mais l'auteur ne s'est pas risqué dans ce débat-là), et surtout, prouve que cette Église n'est jamais rien d'autre qu'une institution bien humaine… et très masculine. ;) Dès lors, ce livre laisse entendre que Jean-Paul Ier aurait pris un énorme risque en remettant en cause l'infaillibilité papale et en voulant réformer les choses de l'intérieur, avec cependant une intelligence et une volonté mêlées de tellement de naïveté, qu'il aurait presque lui-même signé son arrêt de mort. On doute bien un peu de la véracité des faits exposés, tout en se disant que, après tout, c'est tout à fait possible !

Partant de là, l'auteur dresse une réelle aventure bien un peu rocambolesque, allant de rebondissement en rebondissement pour ses personnages, dont cette fameuse Sarah qui semble constamment dépassée, mais qui emmagasine à une vitesse stupéfiante (survie oblige) les informations et autres conseils de son ange gardien, l'insaisissable Rafael. Ces personnages manquent quelque peu d'épaisseur et ne sont pas réellement attachants, mais ils assurent une présence forte, qui fait qu'on suit leurs péripéties presque toujours musclées avec une certaine inquiétude constante. À travers eux, outre les pseudo-secrets de l'Église que l'auteur révèle ici, il dénonce à véritables coups de hache les manipulations de la presse – ou, peut-être davantage encore, cette brèche dans laquelle la presse, même la plus sérieuse, s'engouffre sur base d'allégations parfois hasardeuses venant d'on ne sait trop où, du moment qu'il y ait un scoop ou, pour le moins, de quoi remplir la une… C'est un constat au vitriol, masqué derrière ces aventures qui apparaissent bien un peu sans queue ni tête, et qui présentent çà et là quelques longueurs.

Quoi qu'il en soit, on est plongé dans une histoire évoquant le cinéma d'action avec des hommes en noir qui tirent à tout bout de champ, des courses-poursuites de voitures (éventuellement avec hélico) de la mort qui tue, des bombes qui explosent à tour de bras, des couloirs et autres souterrains glauques secrets, des faussaires qui aident les héros puis craquent en un instant rien qu'en voyant les méchants, des héros mal embouchés qui se retrouvent dans des situations plus invraisemblables les unes que les autres mais qui trouvent toujours une porte de sortie… et un cliffhanger final qui ouvre la porte au 2e tome de ces « Complots au Vatican », que je ne lirai pas, car je n'ai pas suffisamment été convaincue.
L'écriture est certes rythmée, passant d'une époque à l'autre, d'un continent à l'autre avec ses assez nombreux personnages, et elle est suffisamment visuelle pour que l'aspect cinématographique cité ci-dessus vienne aussitôt à l'esprit du lecteur.

Mais justement : balader le lecteur d'une époque à l'autre, d'un personnage à l'autre, peut être intéressant pour créer une certaine ambiance. Mais ce procédé, fréquemment utilisé dans les thrillers, qui marche dans la plupart des cas, doit néanmoins être utilisé avec prudence et à-propos. Or, ici, l'auteur l'a surexploité, ou mal exploité, créant une vague impression de fouillis où le lecteur ne se retrouve plus tout à fait.
Je ne suis pas certaine d'être hyper-claire, alors disons-le autrement : au début de chaque chapitre, l'auteur pose d'abord le décor de façon très impersonnelle, avec en plus l'utilisation de l'indicatif présent qui renforce l'effet que ça se passe « à côté de nous », tout en créant une ambiance quelque peu mystérieuse qui dit comme en voix off : où sommes-nous ? que va-t-il se passer ? et la tension commence à se faire sentir puis augmente petit à petit. Or, si cette approche est intéressante en début de roman, même sur plusieurs chapitres, elle devient redondante et lassante quand elle continue d'apparaître à plus de la moitié du livre ! Pire : au fil de l'avancée de l'histoire, un certain nombre de chapitres terminent en cliffhanger – ce qui est un autre procédé classique du genre – mais hélas, l'auteur ne rebondit ensuite pas dessus ! Soit la « chute » du cliffhanger apparaît après trop d'autres détours, soit elle recommence par une nouvelle description détachée du lieu, de l'environnement etc., cassant ainsi l'attente qu'il avait pourtant réussi à créer ! Oh ! il y a bien quelques passages où un pont est mieux établi d'un chapitre à l'autre, même avec interruptions : ce sont alors, par exemple, des dialogues où l'un ou l'autre personnage explique les choses à Sarah (et ainsi indirectement au lecteur), comme un cours magistral dont on aurait interrompu le fil le temps d'un autre chapitre plus « actif », pour ne pas paraître trop soporifique… mais ça ne suffit pas à convaincre.
Une écriture rythmée, donc, oui, mais avec trop de cassures qui créent peu à peu un certain ennui.

Bref, ce sont trop de personnages, trop mystérieux pour certains, dont les aventures respectives sont trop étirées entre les chapitres, avec des bonds dans le temps qui ne semblent pas toujours utiles. le mélange entre personnages réels et de fiction reste intéressant et bien mené, la base historique n'est même pas surprenant même si elle est choquante, mais les procédés du thriller sont trop visibles et mal exploités, si bien que le livre n'accroche pas, malgré son potentiel de départ.
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