- Que fait-on, Monsieur Zheng ?
- Nous nous en tenons au plan. Il n'y a pas d'autre solution. Mais je ne pensais pas que ce serait aussi terrible... Qui sommes-nous pour décider qui monte et qui ne monte pas ? Qui suis-je pour décider qui meurt et qui survit ? (p. 25)
« - Les études montrent que les ballons noirs lâchés peu après la catastrophe nucléaire ont libéré dans la haute atmosphère du CW-7, un gaz complexe contenant des nanoparticules d’aluminium. Celles-ci se sont agglomérées pour constituer une sorte de pellicule tout autour du globe. Cette pellicule réfléchit les rayons du soleil et en empêche environ 50% d’atteindre la surface de la Terre. L’hiver nucléaire est accentué, la chute des températures aggravée. Ces nanoparticules ont une durée de vie limitée : la Terre elle-même n’est pas menacée de mort.
- Selon vous, ceux qui ont lancé les ballons seraient les mêmes que ceux qui ont saboté les centrales nucléaires ?
- Vous êtes scientifique, quelles sont les probabilités que deux tentatives de détruire la planète aient lieu exactement au même moment ? Ce n’est jamais arrivé, et là, deux en même temps ?
- Vous dites que les nanoparticules ont une durée de vie limitée… Quelle est-elle ?
- D’après nos estimations, une douzaine d’années, après quoi elles s’autodétruiront. Ensuite, mécaniquement, les températures commenceront à remonter. Ceux qui ont envoyé les ballons noirs avaient un plan de destruction temporaire de l’écosystème terrestre, pour lui permettre de se régénérer et que renaisse à nouveau la vie dans un avenir plus ou moins proche…
- Vous voulez dire que ceux qui sont responsables de cette catastrophe ont voulu exterminer l’Hommes et préserver la Terre ?
- C’est notre hypothèse, si les températures continuent de baisser, l’Homme et la plupart des créatures, animales et végétales, disparaîtront, laissant place nette pour une nouvelle ère de la vie sur Terre, sans l’Homme. »
Le transperceneige aux mille et un wagons s’engouffre dans la nuit. Il sillonne un monde qui ne ressemble plus à celui qui l'a vu naître. Les intuitions de Zheng sont devenues réalité. Mais il y a une réalité qu'il n'avait pas prévue...
... c'est que la civilisation n'est qu'un vernis qui s'écaille et qui tombe très vite en poussière, qui se dissout comme un rêve le matin...
Et lorsque le vernis disparaît, la véritable nature de l'homme apparaît; et c'est celle d'une bête féroce et égoïste, prête à tout pour assurer sa survie...
Mais le train aux mille et un wagons est le dernier vestige de la civilisation, de ses espérances, et son dernier rempart... (p.94)
- Vous êtes décidément un optimiste, Zheng...
- Les principes de la vie à bord, c'est la frugalité, l'égalité et l'équité. Chacun reçoit une part égale et contribue à sa manière et selon ses moyens. La survie de tous est à ce prix. Beaucoup auront besoin d'un temps d'adaptation. Mais nous y arriverons.
- Je me suis trompée. Vous n'êtes pas un optimiste, vous êtes un utopiste. (p.56)
La température moyenne de la Terre est de -20° celsius (-4° fahrenheit). Seules les régions les plus proches de l'équateur reçoivent encore un peu de chaleur, mais moins qu'auparavant, et pas assez pour que la plupart des animaux et des végétaux aient le temps de s'acclimater... (p.46)
Combien de temps tient-on sans électricité ? Sans lumière, sans chauffage, sans eau courante ?
(...)
Combien d'escales avant que le train ne trouve plus de passagers ? Avant qu'il ne puisse plus s'arrêter nulle part ? (p.46-47)