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Critique de Jackylebook


Ce livre lu à cheval sur deux années est une belle découverte. Premier ouvrage de Renaud Rodier, les échappés est un roman choral.
Sur une quarantaine d'années, de la fin des années 70 à nos jours, l'auteur nous tisse l'existence de cinq personnages principaux : Lauren, Aaron, Emilie, Nathaniel et Aashakiran. Une demi-vie pas simple, où comme le laisse suggérer le titre du livre « les échappés » les héros fuient leur passé, qui un drame, qui une relation familiale délicate, qui pour oublier ses origines modestes ?
Lauren quitte son petit village et les vastes plaines du Kansas pour New York, suite à un drame survenu dans sa jeunesse et la monotonie d'une vie dans sa bourgade natale, elle y alterne études et travail dans une librairie. Aaron, issu d'une famille juive non pratiquante, hérite au décès de son père, d'une fortune pas très propre obtenue grâce à des opérations limite mafieuses et s'oriente vers la profession d'avocat pour défendre la cause des plus pauvres. Emilie, de parents français, sillonne le monde à la suite d'un père dirigeant d'un grand groupe immobilier, les quittera pour elle aussi rejoindre New York et embrasser une carrière d'interprète aux Nations-Unies. Nathaniel, très proche de son père scénariste, après avoir fait ses débuts à New York continuera sa carrière à Hollywood, en temps qu'acteur et deviendra une véritable icone mondiale. Aashakiran, intouchable, née dans un bidonville de Mumbai en Inde, à défaut de moyens financiers pour suivre des études dans des prestigieuses universités américaines, atterrira en Russie pour y vivre sa passion pour les astres et oublier l'oeil rivé au télescope ses origines.
On suit, avec grand plaisir, ces destins tortueux qui au gré de l'évolution de l'histoire se chevauchent puis se séparent. Un existence torturée faite de spleen, de quête de l'âme soeur cet autre « moi » fantasmé, de dévotion, d'abandon, de rédemption, mais aussi de vides et de silences. Cette définition de leur vie est résumée par cet extrait du livre : « notre identité se déconstruit, se recompose tel un jeu de Tétris : des blocs de ciment tombaient depuis le haut de l'écran de plus en plus vite. Notre seule responsabilité, à nous les humains, était d'encastrer ceux-ci dans nos lacunes, nos écarts, nos intervalles, nos vides, nos blancs. Une ligne disparaissait, bling, une autre se formait jusqu'à ce que l'écran soit saturé par le ciment, ce putain de ciment, game over ! ».
Oui j'ai vraiment aimé ces portraits, d'anti-héros, d'êtres cabossés. Renaud Rodier nous plonge dans les pensées intenses et les états émotionnels des protagonistes. Beaucoup de petites phrases nous marquent et nous forcent à les peser à l'aune de notre propre vie.
Merci pour ce beau moment de lecture aux Editions Anne Carrière.
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