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Critique de Alfaric


ACHTUNG SPOILERS
Je n'ai pas aimé ce tome 3 intitulé "La Malédiction"… Après leur fuite de Carisbrooke, de Wight et d'Angleterre, l'action se situe essentiellement en Hollande ou l'adolescent idéaliste et son cynique mentor comptent revendre le diamant maudit à bon prix. Mais ils tombent de mal en pis : escroqués, attaqués, cambriolés, accusés à tort, et enfermés à vie dans l'enfer sur terre que représente la forteresse nommée Ymeguen… Toutes leurs tentatives d'évasion échouent, et il s'écoule bien des années avant qu'ils ne tentent une dernière fois leur chance durant leur transfert par mer vers un bagne asiatique : un seul d'entre eux y survit, pour retourner à la case départ que constitue la communauté de Moonfleet, et redonner vie à la taverne le « Pourquoi pas ? »…
On sent le côté moralisateur de l'oeuvre d'origine, mais Rodolphe nous épargne toutes ses allégories bibliques pour ne garder que la puissance de l'amour véritable… le côté "Oliver Twist", "Rémi sans famille", "Princesse Sarah" m'a complètement déprimé : allez zou, passons à d'autres choses !


Les auteurs disent avoir librement adapté le roman Moonfleet de John Meade Falkner, mais même si mes souvenirs de la version d'origine sont trop lointains en raison de la multiplicité des adaptations ciné et télé j'ai trouvé l'ensemble assez pour ne pas dire très fidèle. Ce qui m'a frappé c'est d'abord la similitude avec "L'Île au trésor" de Robert Louis Stevenson (je me demande même si le fait que le magistrat honni de Moonfleet soit originaire d'Ecosse n'est pas une pique contre lui ^^) : le récit est raconté à la première personne par un adolescent orphelin, donc nous somme dans un récit d'apprentissage car le garçon va devenir homme au fil des épreuves qu'il va rencontrer, Jim Trenchard remplaçant Jim Hawkins, le traditionnel mentor peu ou pour hors-la-loi, le contrebandier Elvezir Block remplaçant Long John Silver, et une course au trésor, le Mohune remplaçant le magot pirate…
Ce qui distingue les deux c'est l'ambiance qui y est dessinée : avec les landes, les cryptes, les grottes, les donjons, et les bagnes, on se demande si le héros voit un jour le soleil ! Et il faut ajouter la paranoïa avec magistrat misanthrope Maskew qui voit en chacun de ses administrés un criminel en puissance (parfois à tort parfois à raison, vu que la communauté de Moonfleet autrefois naufrageuse vit désormais en grande partie de la contrebande)… Cela donne un ton sinistre et lugubre, voire carrément une ambiance gothique au récit et on se doute que l'auteur sans doute largement pioché dans la littérature du XIXe voire du XVIIIe siècle pour parvenir à un résultat aussi abouti.
Reste que comme dans "Le Prisonnier de Zenda" qui a été écrit à la même époque, la grande aventure est castrée par une morale chrétienne d'une grande pudibonderie : on se doute que la recherche diamant maudit arraché par la trahison par John Mohune à Charles Ier est source de corruption et de damnation pour ceux le convoitent (remember le Régent et ses propriétaires successivement assassinés), mais le héros adolescent censément innocent a droit à une seconde chance mais pas le vieux briscard qui a vécu et combattu… Et c'est bien dommage car j'ai beaucoup aimé la relation entre Jim qui a perdu ses parents et Elvezir qui a perdu ses enfants…

L'adaptation effectuée par le vétéran Rodolphe est sérieuse avec des phylactères plutôt stylés dans leurs contenus, mais il est depuis tellement longtemps dans le circuit que ses oeuvres sentent maintenant la patine d'où le sentiment d'avoir affaire à une oeuvre vintage… Ce n'est pas gênant qu'une BD des années 80/90 ressemble à une BD des années 80/90, mais là on a une série sortie au printemps 2010 qui accuse quand même graphiquement son âge (les 3 albums sont sortis quasiment le même mois, une belle initiative à saluer). Les dessins Dominique Hé ne déméritent pas, mais l'encrage et la colorisation beaucoup trop artificielles tirent la série vers le bas et c'est bien dommage !
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