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Critique de florencem


Ayant adoré les deux premiers romans de Margaret Rogerson, il était impossible que je passe à côté de Vespertine, d'autant plus que c'est la première saga dans laquelle se lance l'auteure (The Mysteries of Thorn Manor étant plus un tome compagnon de Sorcery of Thorns qu'une réelle suite). Un nouveau pas pour Margaret habituée pour l'instant aux one-shot. Et je trouve intéressant de le soulever car il arrive que des auteurs ne me charment pas autant avec leurs séries que leurs tomes uniques, et inversement.

Vespertine a fort heureusement été une réussite pour moi. J'avoue que j'avais lu le résumé a l'annonce de sa sortie en anglais, et que je ne me souvenais pas vraiment de quoi parler le roman… Donc encore une fois, je me suis lancée à l'aveugle, et je trouve cela de plus en plus sympathique car je suis dans la surprise totale. J'ai découvert l'univers et notre héroïne avec une curiosité différente sans savoir où je mettais les pieds. J'aurais d'ailleurs pu commencer ma lecture avec une certaine appréhension, car il est question de religion (et vous savez que ce n'est pas trop ma tasse de thé…), et au final, j'étais plutôt dans un état d'esprit « attendons de voir ce qu'il va se passer ».

Artemisia est en effet une none. Pas de celles que l'on connaît, car son ordre a été créé pour défendre les hommes des spectres et autres revenants, mais elle voue tout de même un « culte » à une déesse. Cependant, il n'y a pas d'extrémisme ou bien de dévotion aveugle. du moins, ce n'est pas ce que j'ai ressenti. Il y a bien quelques passages où l'on voit une certaine obsession face à des événements miraculeux, mais cela reste très léger. Ces femmes comprennent leurs missions et s'y dévouent mais un peu comme des infirmières ou des soldats. Pas des extrémistes. Elles en sont encore plus humaines et il se dégage d'elles un respect indéniable. Implacables, mais maternelles, réfléchies, braves et sachant se plier aux changements. J'ai donc tout de suite adhéré.

Le fait d'ajouter une dose de fantaisie à Vespertine a aussi beaucoup aidé. Les spectres ont plus l'office de démons en quelques sortes pour coller à l'image religieuse, mais ils ne sont pas que cela. Encore une fois Margaret Rogerson choisit de nuancer la partie sombre de son roman. Les revenants sont des entités variées aux multiples forces et pouvoirs. La notion même de « méchants » pour les désigner est tout de suite très réductrice. Et je crois que c'est ce que j'ai aimé le plus dans le roman. On ne nait pas monstre, on le devient en quelque sorte. Et de là, voir la relation entre Artemisia et le Revenant a été un petit délice à suivre. Un apprivoisement pour les deux protagonistes, avec toujours à l'esprit que l'un des deux peut trahir l'autre.

Le caractère de notre héroïne fait aussi toute la différence. A première vue, Artemisia est autiste. On n'arrive pas vraiment à savoir si son trouble est de naissance ou bien la conséquence des événements qu'elle a vécus, mais dans tous les cas, elle a une façon d'appréhender le monde qui est différente. Elle ne supporte pas la foule, les contacts visuels directs, le fait d'être touchée, a du mal à comprendre comment interagir avec les autres… Cela ne l'a définie pas, mais cette différence, je pense, lui permet de vivre sa « relation » avec le Revenant différemment. Et l'évolution de leur relation est juste géniale. Il y a un effet de miroir et une acceptation que j'ai trouvé intelligente et douce. Sans compter que de mettre en avant une héroïne autiste est une très bonne idée. J'espère d'ailleurs que Margaret a su bien décrire le TSA, ce genre de représentation étant assez peu courante.

Le Revenant bien entendu a aussi une part dans le fait que j'ai beaucoup aimé Vespertine. Mordant à souhait, n'y allant pas par quatre chemin, grognon, bavard… il se dévoile petit à petit et son extrême opposition avec Artemisia et en même temps leurs ressemblances font que le duo fonctionne à merveille. Il y a aussi Marguerite. Une ancienne camarade de notre héroïne lorsqu'elle était en apprentissage. Elle est aussi tour en contradiction. Une surprise dans le roman que j'ai aussi beaucoup apprécié. C'est un peu la marque de fabrique de Margaret Rogerson : elle sait faire de ses personnages, des personnages marquants et surtout qui sortent du lot. Et ici, ce que j'ai vraiment, mais vraiment aimé, c'est le fait que l'on ne doit pas se fier aux apparences. C'est une notion présente tout au long du récit et qui je pense et une bonne leçon de vie.

Côté action, il y a des petits pics d'adrénaline de temps à autre, quelques batailles mais nous ne sommes pas dans un roman d'aventure. le travail sur les personnages et l'univers est ce qui est le plus présent. La bataille finale d'ailleurs m'a donné l'impression d'un trop peu à ce niveau-là. Elle avait un côté épique mais sans le grandiose. Il n'en reste pas moins que j'ai aimé ma lecture du début à la fin.

D'ailleurs, en soi, je pense que l'on peut lire Vespertine comme un one-shot. Certes la destinée d'Artemisia peut nous offrir encore de nombreuses aventures, mais la conclusion du roman est totalement satisfaisante, ce que j'apprécie toujours. Un premier tome efficace à souhait donc, avec un univers riche et original, et une héroïne qui sort carrément du lot. Et cela fait du bien :)
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