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Critique de mariecesttout


C'est donc un roman, Jean Rolin écrit peu de fiction, dont le titre est bien sûr un clin d'oeil à Marguerite Duras.
Un roman,en ce sens qu'il y a une intrigue complètement rocambolesque , un agent secret étant chargé d'enquêter sur une éventuelle tentative d'enlèvement de Britney Spears par un groupuscule islamiste ..
"A quiconque mettrait en doute a priori la vraisemblance des menaces d'enlèvement ou d'assassinat pesant sur la chanteuse , j'objecterai qu'il n'est guère plus absurde - et plutôt plus facile- de s'en prendre à Britney Spears qu'aux tours du World Trade Center, et que la valeur symbolique de la première, aux yeux du public américain, est à peine moindre que celle des secondes."

Cet agent secret, on sait d'emblée que rien ne s'est passé comme il le voulait car dès le début on le découvre dans un coin paumé du Pamir, où sa mission suivante consiste à relever les numéros d'immatriculation des véhicules traversant la frontière vers la Chine. Travail passionnant également . Il cohabite au Pamir avec un ex agent du KGB , auquel il va raconter ses récentes aventures américaines .

Ca, c'est la part de fiction , mais , Jean Rolin s'en est donc expliqué, le reste est vrai et il a vécu tout ce qu'il raconte.
Cet auteur part toujours d'un lieu donné, très topographié, et là, il s'agit de la ville de Los Angeles. Qu'il a parcouru de long et en large, en bus le plus souvent, mais aussi à pied, et ça, il faut le faire quand on connait Los Angeles!
Cela lui a permis de parler de cette ville peut-être d'une autre façon , et quant à tout ce qui concerne le showbizz, on y vient , c'est du côté des paparazzis qu'il se situe. D'où la savoureuse histoire de ces deux brésiliens tout à fait réels qui depuis 6 ans, traquent les moindres faits et gestes de Britney sans s'intéresser le moins du monde à ce qu'elle est d'ailleurs. C'est un boulot, c'est tout. Mais ayant quand même une certaine affection pour elle ( réciproque), la ramasser bourrée dans les endroits les plus variés et la ramener at home, ça crée des liens!

Britney, donc..
"La première fois que j'ai entendu parler de Britney Spears , c'était en 2003, pendant les semaines qui précédèrent l'invasion de l'Irak par les Américains et leurs alliés. Je me trouvais alors à Ramallah , en Palestine, où j'étais l'hôte d'une famille chrétienne; les Israéliens, de nouveau, ayant imposé un couvre-feu, nous passions beaucoup de temps devant la télévision à commenter des nouvelles angoissantes en grignotant compulsivement des pistaches. le chef de famille possédait une petite entreprise de fabrication de crucifix en bois d'olivier, et de mise en bouteille d'eau du Jourdain - celle-ci supposée avoir été puisée sur les lieux mêmes du baptême du Christ- , et ses affaires, comme beaucoup d'autres, étaient en train de péricliter par suite du couvre-feu. Un jour où nous regardions, sur al Jazeera, un agité quelconque en train de pronostiquer le succès imminent des armes de Saddam Hussein, mon hôte dut se lever , et quitter le salon, pour répondre à un appel téléphonique provenant d'un évêque allemand qui s'inquiétait du retard pris par une livraison d'eau bénite. Sa fille aînée, âgée d'une dizaine d'années, profita de sa disparition pour zapper- les prêches d'al Jazeera l'emmerdaient autant que moi- et sélectionner une chaîne diffusant des programmes pour ados..."

Et c'est ainsi que Jean Rolin a fait connaissance de Britney Spears. Ce long extrait qui va en dégoûter bon nombre, j'en ai bien conscience , pour tenter de montrer deux choses:
-le style, l'écriture en longues phrases , pleines de digressions et de détails qui peuvent rebuter, mais que personnellement j'aime beaucoup.
- et surtout l'ironie constante tout au long du roman. Jamais méchante, c'est juste des constatations, un récit, mais raconté tel qu'il le raconte, c'est souvent très drôle. Et moi, un livre qui me fait rire, c'est gagné d'avance, c'est tellement rare.
Une dernière phrase ? On se retrouve au Tadjikistan:
"Les privilégiés, et parmi eux les caïds de ce trafic que la police et l'armée sont supposées combattre dans la vallée de Racht, paradent au volant de gros 4/4 aux vitres fumées: les mêmes qu'à Hollywood , tant l'ostentation de la richesse , quelle que soit l'origine de celle-ci, ne dispose que d'un répertoire limité."

J'ai beaucoup aimé, et je vais continuer à lire ce Jean Rolin , il m'amuse beaucoup et c'est un excellent observateur du détail.



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