AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de chocobogirl


Peu connaissent les îles Solovki. Situé à 500 kilomètres au nord-est de Saint-Pétersbourg, au milieu de la mer Blanche, l'archipel Solovki abrite dès 1923 le SLON, camp de rééducation par le travail devenu dans les années 1930 le plus terrible goulag de l'ère soviétique. le monastère fondé par des ermites au XVe siècle est dès lors transformé en un camp de détention qui accueillera des intellectuels, des artistes et des aristocrates cultivés. Bien que les détenus soient maltraités, une certaine liberté était de mise. Et c'est ainsi que, grâce aux envois permis de colis familiaux et aux ou confiscations par les autorités de livres interdits s'est constitué une bibliothèque, riche de 30 000 livres, constituée de livres rares et d'éditions originales de grands auteurs, parfois même en langues étrangères.

L'écrivain Olivier Rolin, grand amoureux de la Russie, a voulu enquêter et raconter cette histoire fascinante.
«C'est un cas unique, qui ne s'est jamais reproduit dans les autres camps. D'une part, parce que c'était le premier et qu'ils n'avaient pas encore mis au point leurs procédures. L'idéal révolutionnaire subsistait ; ils n'étaient pas tous devenus flics. D'autre part, sans doute, en raison de la personnalité des premiers prisonniers, des intellectuels, des artistes ou des scientifiques ayant un rapport aux livres.»

Car aujourd'hui, il ne reste rien de cette bibliothèque. le SLON ferme en 1939, la bibliothèque disparaît. Mais que sont devenus ces fameux livres ? Ont-ils été détruits ? Envoyés ailleurs ?
En compagnie du traducteur russe Valery Kislov, de la réalisatrice Élisabeth Kapnist et du photographe Jean-Luc Bertini, Olivier Rolin est parti enquêter. Débutant au mémorial de Saint-Pétersbourg, où sont conservées les revues publiées au camp, ils rejoignent par la suite les îles Solovki et sondent les archives du monastère en pure perte. Ils poursuivent leur route vers d'autres camps de transit où furent déportés les prisonniers des Solovki : Kem, Medvejegorsk et enfin Iertsevo. Centre d'un grand complexe de camps connu sous le nom de Kargopol, la ville cache dans la salle de mémoire d'une petite bibliothèque locale, des dizaines de livres rescapés marqués du signe triangulaire des Solovki. le but est atteint, l'émotion affleure et le travail de mémoire suit son cours.

De ce voyage sortira un très beau film documentaire, diffusé sur Arte (et encore visionnable ici) qui retrace les recherches d'Olivier Rolin. L'écrivain nous a d'ailleurs offert un roman qui s'inspire de ce voyage : le météorologue où il enquête sur le parcours tragique d'un scientifique déporté à Solovki.

Jean-Luc Bertini, de son côté, nous donne à voir son travail photographique dans un bel album dont Olivier Rolin signe les textes. Il nous montre la Carélie d'aujourd'hui qui, bien qu'ancré dans les vestiges du passé, poursuit sa route envers et contre tout : les habitants de Solovki qui vivent dans les anciens baraquements du camp, les conditions difficiles climatiques, une certaine humanité qui persiste dans le regard des hommes. Il y a les petites vieilles qui trottinent sur la glace, les enfants qui jouent dans la neige, les travailleurs qui attendent le train, les ménagères qui font leurs courses à l'unique épicerie.
Un territoire glacé et isolé de tout qui se construit sur les cendres du passé, entre mémoire des survivants et vie contemporaine dénuée d'une modernité galopante.
Lien : http://grenieralivres.fr/201..
Commenter  J’apprécie          70



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}