Il me semble cependant que chaque artiste — qu'il soit superbe, douteux ou raté — a la révélation délicieusement irréelle de la gloire en un moment très secret de son travail, lorsqu'il est branché en direct et sans témoin sur le mystère aigu de la création. Exemple : à la seconde où la plume d'un écrivain touche le papier, tout se passe comme s'il le traversait pour atteindre en éclair la renommée. Une telle illusion est toujours sublime. Elle permet d'exulter clandestinement. Elle est l'affirmation folle, erronée ou mensongère d'une certaine raison d'être et de survivre à soi-même.