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Critique de Sarindar


Nous ne sommes plus dans l'imaginaire qui a pu être mis en branle au XIXe siècle et pendant une bonne partie du XXe siècle, où tout un courant de pensée et une succession d'écrivains regardaient le Catharisme comme un rejeton lointain du manichéisme, influencé de près ou de loin par le zoroastrisme, oubliant qu'il fallait plutôt voir dans le mode de vie et l'enseignement des Parfaits une forme particulière du christianisme, dans le sens d'un christianisme non pas des origines mais d'un christianisme idéal, d'un cristianisme à la lettre, intégral, plus radical que celui de certains Franciscains.
Michel Roquebert fait oeuvre d'historien de la religion en situant le Catharisme non pas hors du christianisme mais hors de l'Eglise, où, diront beaucoup plus tard les Catholiques, il n'est point de salut. Puis nous entrons dans l'histoire de l'implantation de ce mouvement, dans la description de son aire d'influence et de son audience dans l'Albigeois, le Peyrapertusès, le Termenès, les Corbières, le Toulousain, etc., dans la réaction des autorités d'Eglise, qui voyaient là une menace, dans l'intérêt que prirent Dominique de Guzman puis les frères dominicains à "disputer" avec les Cathares et ceux qui leur emboîtaient le pas ou leur assuraient leur protection, dans les premiers drames de sang, la mise à mort du légat du pape, dans l'invitation faite aux chevaliers français de se "croiser" pour éradiquer ce cancer de la chrétienté, menace pour une Église dogmatique et possessionnée parce que les Cathares parlaient de pauvreté et de mépris de la richesse et des biens de ce monde, tout ce qui relevait de ce monde appartenant à la matière qui passe, qui est périssable, tout comme la chair et le commerce de chair en vue de la procréation.

Puis c'est la longue histoire de la Croisade dite des Albigeois, avec des personnages comme les comtes de Toulouse - la dynastie des Raymond -, les Trencavel, Simon de Montfort, etc.
Michel Roquebert résume en ce livre tout ce qu'il a pu délayer dans une longue série d'ouvrages. On va plus loin que l'histoire du Bûcher de Montségur. Nous découvrons aussi que ce l'on appelle à tort les châteaux cathares sont souvent des forteresses renforcées ou rebâties quand les rois Capétiens Louis VIII le Lion, Louis IX et Philippe III le Hardi mirent la main sur cette zone et qu'il firent de ces constructions militaires comme une ligne Maginot avant la lettre pour marquer les limites des territoires sur lesquels ils entendaient étendre leur juridiction et leur administration, jalon éloigné dans l'espace en attendant de s'emparer de toutes les zones comprises entre cette frontière et le coeur du royaume et d'élargir encore plus la superficie de ce royaume, ce qui se fera pas à pas.

On n'est pas dans le fantasme autour du trésor des Cathares ou sur les accusations portées contre les gens du nord, ces "grossiers" chevaliers venus coloniser le riche, raffiné et cultivé Midi pyrénéen, pour le coup une "vision manichéenne". Michel Roquebert ne tombe pas dans ces pièges et se méfie de ces vieux clichés. Il raconte en historien, et dit ce qui fut réellement, en soulignant au passage ce qui fut bon et mauvais des deux côtés. de la grande histoire par un esprit impartial.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)



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