Mon âme avait une peau aussi délicate qu'une bulle de savon.
La lave refroidie formait d’étranges colonnes que l’on avait baptisées les Châteaux Sombres ou Dimmuborgir en islandais. Kirkjan, une arche découpée dans la roche, ressemblait à la voûte d’une église gothique mais sa pierre noire n’avait rien de sacré. Ce décor portait finalement bien son nom, j’imaginais sans mal un village médiéval abandonné et maudit. Le Dimmuborgir pouvait être une porte vers le monde de l’en-dessous, je le trouvais en tout cas bien plus lugubre que le cratère du Víti et son lac joliment coloré.
Cette mort, ce sang versé aux portes de l'enfer, c'était le voeu de souffrir pour un idéal et non par l'absurdité du monde.
Était-ce vraiment l’hiver noir qui venait nous envelopper? L’angoisse commençait à prendre le dessus. Le sang, les cendres… c’était trop pour mes nerfs fragiles.
Comme je l’espérais, l’endroit représentait tout ce que l’Islande pouvait avoir d’unique et de fascinant. La nature y était sauvage et tourmentée, les chutes d’eau bouillonnantes succédaient aux formes écorchées des roches volcaniques.