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Critique de SBys


SBys
24 septembre 2020
J'avais envie de me plonger dans un univers british, avec ses pubs enfumés, la brume qui rend les paysages mystérieux et ses bières anglaises, tièdes. Je m'étais donc lancé dans la lecture du Pub d'Enfield Road. Dès le début, je me suis retrouvé dans l'univers que je recherchais.

Dans le roman de Rossano Rosi, on suit un professeur de lycée, proche de la retraite, Raymond Raymont qui retourne à Londres et se retrouve dans le pud d'Enfield Road. En fait, il y était venu, à Londres, presque 40 ans plus tôt. Par petites touches, des objets, des coïncidences, il se remémore sa jeunesse, ses rêves, et ce monde d'avant. Dans les meilleures pages, on pense à Julian Barnes, on savoure ce flegme anglais. Avec de belles métaphores, une langue bien tournée.

Puis, les choses changent, le ton aussi. Raymond Raymont est à Londres pour un voyage scolaire et, après cette introspection en solitaire dans le pub, le conducteur de bus le rejoint, puis ses collègues, et finalement les étudiants, apeurés. On se retrouve soudain dans une sorte d'étude sociologique, sorte d'Entre les murs (Bégaudeau), avec les bassesses entre collègues, les préjugés, l'évolution des programmes éducatifs... Il y a aussi un commentaire sur les relations à l'ère des smartphones, chacun face à son téléphone, sauf Raymond Raymont, bien sûr, qui fume la pipe et qui a un livre de poèmes de John Keats dans la poche.

Si j'ai adoré les 50 premières pages, me plongeant dans ce Londres fantasmé, intemporel, le reste du livre m'a profondément ennuyé... Comme s'il avait été écrit par quelqu'un d'autre. Au début, l'auteur porte une attention particulière aux lieux, décrépis, à la moquette sans couleur, aux menus détails qui couvrent les murs de ce pub anglais, et de l'autre, celui qu'il avait vu il y a plus de quarante ans. Il y a aussi les descriptions des rues, à Londres, mais aussi à Bruxelles, les promenades interminables que l'on fait à l'étranger, lorsqu'on est assoiffé de découvertes... Puis, le deuxième tiers du livre, on se retrouve à écouter les préoccupations des jeunes enseignants, mal dans leur peau, les discussions futiles entre professeurs qui ne s'apprécient guère, et les crises des étudiants hystériques en voyage d'études. Et finalement, la dernière partie, encore autre chose. L'histoire cachée de la femme de Raymond Raymont qui, venant d'une très grande famille, aurait dû être (extrêmement) riche, mais celle-là a préféré dire non à toute cette abondance, le jour de son mariage, pour quelques jours plus tard, rencontrer Raymond Raymont, au antipode de ses conditions de vie, une sorte de raté sans ambition, une sorte de tremplin pour refaire sa vie.

Le problème de ces deux dernières parties, surtout après l'émerveillement de la première, est qu'on n'y croit plus. Les personnages perdent de leurs subtilités pour devenir la caricature d'eux-mêmes. Les situations deviennent à un point invraisemblables qu'on décroche. Et surtout, le lien entre les parties devient si ténu qu'on se demande le pourquoi du comment ? Et, je ne dis rien de la fin. Incompréhensible... et on se dit que c'est bien dommage.
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