La doctrine dont Lao-tse est le plus illustre représentant a été
nommée Taoïsme, parce que c'est sur l'idée exprimée par le mot Tao
que repose l'ensemble de son système. Ce mot chinois, qu'on a rendu
littéralement par « Voie », mais qui a bien d'autres significations, est à
peu près intraduisible. Il est intraduisible, — je l'ai dit ailleurs , —
d'abord parce qu'il répond à des nuances d'idées dont nous n'avons pas
l'équivalent exact en Europe, ensuite parce qu'il n'a pas été
suffisamment défini par les taoïstes eux-mêmes, de sorte qu'il prête et a
prêté d'âge en âge à une foule d'interprétations différentes. Le mieux, en
pareil cas, serait peut-être de le conserver sous sa forme originale,
comme l'ont proposé d'ailleurs quelques orientalistes ; mais ce procédé
n'a d'autre résultat que d'éluder la difficulté au lieu de la résoudre, et il
faut essayer, je crois, d'en donner sinon la synonymie, du moins une
explication dans des p.084 termes aussi précis que possible. La preuve de
l'embarras exceptionnel que présente l'intelligence de ce mot se
manifeste par la multiplicité de valeurs qu'on lui a attribuées, non
seulement dans les écrits des orientalistes mais aussi dans ceux des
exégètes asiatiques.