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Critique de sweetie


« Toutes ces marches se ressemblaient comme des soldats. Pour la plupart, elles commençaient par un roulement de tambour, comportaient un air de retraite aux flambeaux, au rythme accéléré pour les besoins de la marche militaire, un sourire éclatant des gracieuses cymbales et s'achevaient sur le tonnerre grondant de la grosse caisse, ce bel orage de la musique militaire. »
Sur l'air de la Marche de Radetzky, pièce instrumentale de Johann Strauss père, qu'il écoutait enfant, Charles-Joseph von Trotta, sous-lieutenant des uhlans de l'empire vieillissant austro-hongrois, aurait ardemment souhaité s'illustrer sur les champs de bataille, à l'instar de son grand-père Joseph Trotta, un paysan slovène. En 1859, à Solferino lors de la campagne d'Italie, ce dernier sauva effectivement la vie de l'empereur François-Joseph 1er d'un tir mortel, ce qui lui valut sur-le-champ un anoblissement inespéré. Mais en temps de paix, difficile de s'épanouir dans l'armée. Dépendance au jeu, alcoolisme, amours adultérines, le petit-fils s'ennuie et se divertit comme il peut, loin de la surveillance de son père François, préfet d'une petite commune.
« À travers les jalousies vertes, le soleil dessinait de minces rayures sur le tapis grenat. Une mouche bourdonnait, l'horloge faisait tic-tac. » L'empire multiforme incarné par son vieil empereur vivait sans le pressentir ses derniers instants avant le déclenchement de la Grande Guerre et c'est dans ce contexte particulier que Joseph Roth a campé son récit. L'histoire d'une famille liée aux Habsbourg par un acte héroïque qui pèsera obstinément sur la génération suivante. La Marche de Radetzky, c'est une lancinante progression vers l'anéantissement d'un monde connu, l'éclatement d'un empire cerné par le progressisme et les mouvements révolutionnaires émergeants.
C'est à Stefan Zweig que j'ai pensé après avoir refermé ce roman. Principalement pour l'intense nostalgie émanant du texte et pour l'implacable sentiment de perte liée au changement.
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