AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sachenka


Lire Pastorale américaine, c'est (re)découvrir l'Amérique (lire ici les Etats-Unis) du 20e siècle. À l'aide, à travers quelques personnages, surtout de la famille Levov, l'auteur Philip Roth nous dresse un portrait de cette société qui pourrait sembler idéale, parfaite au premier coup d'oeil mais que, en tant qu'observateur attentif, il a réussi à trouver les fissures et les failles qui ne feront que s'aggrandir et dévoiler les faillites du rêve américain.

La première partie est narrée par Nathan Zuckerman. Écrivain, on le retrouve aussi dans quelques uns des romans de Philip Roth, c'est le double de l'auteur lui-même. Ce Zuckerman se rend à une réunion des anciens élèves de son lycée. le cinquantième, je crois. J'adore ces romans où des personnages jètent un regard critique sur leur entourage et se remémorent le passé. Quand un tel personnage est écrivain, sa capacité d'analyse et d'introspection est encore meilleure. Et quand il est d'origine juive, ça apporte une dimension supplémentaire. Mais voilà que les souvenirs d'enfance de Zuckerman se portent plutôt sur «le Suédois», de son vrai nom Seymour Levov, un autre élève de son école plus âgé de quelques années. Blond, athlétique, intelligent, courageux (il s'est engagé dans les Marines), le plus américain de tous les juifs. Un héros, l'idole de tous, quoi !

Les deux autres parties du roman se concentrent sur la vie adulte de Seymour Levov. Les affaires prospères de son père (une compagnie de confection de gants), son éloignement de la communauté juive, son mariage avec une irlandaise catholique qui battera de l'aile, ses difficultés avec sa fille révoltée, etc. Ainsi donc, sa famille qui aurait pu paraître parfaite ne l'est pas. Tout n'est qu'une illusion ? Peut-être est-ce un concept qui n'existe pas dans la vraie vie. En effet, plusieurs des événements secouant sa famille font écho à des faits marquants de l'histoire des Etats-Unis, comme les tensions raciales, la Révolte de Newark de 1967, la Guerre du Vietnam et les manifestations contre ce conflit, des attentats à la bombe, le Watergate, la révolution sexuelle, etc. Finalement, les Américains ne sont pas meilleurs ni plus heureux qu'ailleurs. Adultère, chirurgie esthétique, spiritualité et sectarisme, tous cherchent quelque chose qui leur échappe. C'est un peu long par moment mais je suis preneur.

Ainsi donc, la vie idéalisée par tous, cette Pastorale américaine, n'est qu'un rêve. La réalité n'est qu'un chaos auquel on essaie de se raccrocher en se faisant croire que tout va bien. Quand on y pense réellement, on ne comprend personne et personne ne nous comprend non plus. Nous sommes seuls. Et, une fois qu'on s'en rend compte, le retour en arrière n'est plus possible. C'est un peu démoralisant quand on y pense. Mais bon, la vie de Seymour Levov est assez exceptionnelle. Et que dit le dicton ? The higher you climb, the harder you fall. Ce qui aide à faire passer le tout, c'est l'écriture de Philip Roth, un des meilleurs écrivains américains, selon moi. Je me suis laissé emporter par son histoire et, surtout, ses personnages, plus grands que nature. Ces derniers sont tellement complets, complexes… vivants. Il faut dire que ça aide quand quelques uns, à commencer par Seymour, sont inspirés de personnes réelles. Dans tous les cas, son récit prenait des airs de biographie.
Commenter  J’apprécie          540



Ont apprécié cette critique (47)voir plus




{* *}