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Critique de montmartin


Dans ce roman, Jean Rouaud nous raconte l'époque où il vendit des journaux dans un kiosque situé rue de Flandre à Paris de 1983 à 1990.

L'auteur tel La Bruyère dans les « Caractères » nous dresse avec humour et tendresse des portraits savoureux de ceux qui fréquentaient le kiosque. Tout d'abord P. le gérant petit homme à la barbe roussie par sa pipe, un homme pacifique, méticuleux, honnête, se contentant de brandir ses convictions quand il a un coup dans le nez. Ensuite Chirac un SDF et Norbert son copain communiste, tels Laurel et Hardy toujours se chamaillant. Claude, un vieil homo provocateur, qui devant le kiosque s'extasie devant des photos d'hommes nus. Bien d'autres personnages vont compléter cette galerie.

Un récit nostalgique donc de ce Paris populaire où les habitués chaque matin analysent les actualités du jour, internationales, nationales ou les potins du quartier dans la diversité des opinions, mais sans aucun ressentiment afin de maintenir un esprit de tolérance.

Jean Rouaud, prix Goncourt en 1990 pour les « Champs d'honneur » a choisi ce métier essentiellement alimentaire dans le long et obscur chemin de l'apprenti écrivain qui a tout misé sur son écriture, essuyant refus sur refus des éditeurs et espérant toujours le salut.

L'auteur nous dépeint le dur travail du kiosquier, la température, glaciale l'hiver, brûlante l'été, ni chauffage, ni toilettes, un local de plus en plus exigu face à l'inflation galopante des revues publiées. Mais aussi son rôle social en participant à l'animation du quartier, en brisant la solitude de certains, une sorte de café du commerce de la culture.

Jean Rouaud évoque aussi la fin de l'âge d'or de la presse avec l'arrivée concomitante des journaux gratuits, des versions numériques des publications et d'internet, une mort clinique inévitable.

Mais souvent ce livre devient long et ennuyeux, car l'auteur part dans des digressions par exemple sur la modernité dont le centre Beaubourg et la pyramide du Louvre sont les piliers ou sur les Haïkus, petits poèmes japonais en trois vers et aussi sur quelques personnages célèbres.

Quel dommage que Jean Rouaud ne se soit pas contenté d'évoquer simplement ce petit théâtre, petite lucarne à travers laquelle il apercevait les scènes de la vie quotidienne, cela aurait été dans ce cas un véritable coup de coeur.
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