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Critique de Bequelune


Le roman s'ouvre sur une description enthousiasmante de la cité de Masalia, dont le nom évoque, sans doute volontairement, l'antique nom grec de la véritable Marseille. Masalia est une ville au bout du monde, et pour cette raison elle est le lieu « de tous les possibles ». C'est dans ce décor de ruelles sinueuses et de tuiles rouges qu'on découvre Dun-Cadal, vieil homme usé par les ans et une addiction dévorante à l'alcool. Mais ce vieil homme cache bien des secrets, et l'arrivée de Viola la jolie historienne entame les révélations : Dun-Cadal a été un immense chevalier dans l'Empire effondré plusieurs années auparavant, remplacé par une République naissante, un chevalier qui a troqué l'épée pour le pichet de vin depuis que « Grenouille », l'apprenti prometteur qu'il aimait comme son propre fils, a disparu dans les derniers jours de la révolution.
Le livre et l'épée est un roman construit autour des allers-retours permanent entre un présent – la dialogue entre ce Dun-Cadal aviné et l'historienne – et un passé glorieux et initiatique – la rencontre entre Dun-Cadal et Grenouille, puis leurs exploits guerriers. Un procédé simple mais astucieux, fait de phrases en italique, permet à Antonin Rouaud d'anticiper les passages entre ces deux époques avec une fluidité quasi parfaite. Ainsi on n'assiste pas à une simple alternance entre deux époques, mais bien au jeu mêlé de tous ces événements qui, s'ils ont eu lieu à des temporalités différentes, n'en finissent pas de se répondre et d'avoir du sens ensemble. Rouaud maitrise d'ailleurs parfaitement ce jeu de va-et-vient ; ainsi le livre donne l'occasion de revenir sur des événements déjà décrits dans des chapitres précédents, mais nous les découvrons du point de vue d'un autre personnage et tout s'éclaire alors d'un jour nouveau.
Le scénario est complexe, fait d'intrigues politiques, d'exploits de combattants et de quête d'objets religieux. Les révélations arrivent juste comme il faut, et Antoine Rouaud a su marcher exactement sur la fine ligne de crête séparant trop d'actions ou trop de descriptions. le roman est très équilibré, à la fois rythmé et plein de profondeur grâce à un univers joliment conté. La véritable thématique du livre reste « la voie » à choisir : défendre les valeurs auxquelles on croit ou se laisser gagner par la colère, être un chevalier ou un assassin ? Chacun des personnages aura à se positionner face à ces questions.
S'il me fallait noter un défaut, je parlerais du corpus de vocabulaire parfois limité utilisé dans les descriptions. Ainsi l'expression « un regard torve » revient un grand nombre de fois, et c'est un peu dommage. L'auteur cède parfois à la facilité en réutilisant des formules un peu clichées qu'il a en outre déjà utilisées dans les chapitres précédents. Mais là je cherche la petite bête. le livre et l'épée est un excellent bouquin de fantasy et on comprend pourquoi un auteur français, une fois n'est pas coutume, peut enfin bénéficier d'une sortie mondiale !
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