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Critique de tilly


Souvent j'attends que les romans de la rentrée "viennent" à moi, pour une chronique commandée (les Notes bibliographiques, Babelio, etc.), ou exceptionnellement, par effet coup de foudre chez un libraire... ou aux Correspondances de Manosque, fin septembre.

Celui-là je l'avais repéré pour mon propre compte, longtemps avant sa sortie, pour deux raisons principalement : ses titre (Camille et Merveille) et sous-titre (ou l'amour n'a pas de coeur) séduisants (ma curiosité de midinette !), et surtout l'envie de lire du Roubaudi après avoir adoré l'inclassable Les Baltringues.

Camille, c'est le garçon ; il est camelot-bonimenteur et a du temps libre entre les foires expositions en province où il vend plutôt bien des couteaux à huîtres suisses (les couteaux pas les huîtres) ; il est serviable et se laisse exploiter par ses voisins les plus proches : Madame Fillolit (!), une espèce de Tatie Danielle impotente, et Dlahba (!) un vieil ouvrier immigré, marginal, atrabilaire et bagarreur.

Merveille, c'est la fille ; un jour Camille la croise fortuitement dans l'escalier, entend la musique de sa voix ; même sans comprendre le sens de ses mots, il sait que c'est elle, pas une autre, et ne vit dès lors que pour leur rencontre suivante ; mais Merveille est la fille de... et ce n'est pas son seul mystère.

Une pure histoire de coeur ; avec le sentiment amoureux au plein centre de l'intrigue, pas comme un ornement éditorial convenu, imposé pour attendrir ou émoustiller les lectrices ; les non-dits de Merveille finiront par instiller le doute et le soupçon dans le coeur de Camille, jusque là champion toutes catégories de la sincérité, lui pour qui "le passé doit être dit pour ne pas avoir à être découvert" ; voilà le bonheur menacé de part et d'autre par le mensonge, ou peut-être pire, le silence ; les autres s'en mêlent, et c'est la calomnie qui enfle, se répand ; Camille se démène à la recherche de la vérité au risque de perdre Merveille ; et si...

Un roman d'amour réussi (le roman, et l'amour) malgré la difficulté du genre, souvent dénigré, voire méprisé ; Ludovic Roubaudi invente (même si il semble parfois qu'il le connaisse bien) un petit univers chaleureux, une vie simple, des personnages solidaires malgré les difficultés ; quant à l'écriture, elle aussi est chaleureuse, certainement moins simple qu'elle parait ; Ludovic Roubaudi résout à merveille (!) l'équation : humour + tendresse + poésie = émotion.

Qui se plaindra que le tragique air du temps redonne aux écrivains de talent le goût de nous parler d'amour ? Un autre roman de la rentrée m'a donné le même type de plaisir de lecture et d'espoir : Repose-toi sur moi, de Serge Joncour.
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