Camille et Merveille

Les idées virevoltaient dans ma tête comme un nuage d'oiseaux dansant sous le vent capricieux.

– Les mots ne sont pas des solutions mais des additions de sons et de sens.
– Je ne comprends pas.
– Prenez la nuit. Il y a dedans N et le huit.
– Et alors ?
– Ce qui est étonnant c’est que l’on retrouve ce N et ce huit dans les nuits de nombreuses langues européennes : Night/eight. Nacht/acht. Notte/otto. Noche/ocho… Le N est le symbole de l’ensemble des entiers naturels. Et un huit qui dort, c’est un huit allongé… c’est l’infini. Dormir, rêver, serait donc le plus sûr moyen de rassembler l’ensemble de la nature et l’infini. De conjuguer derrière nos paupières closes le monde d’ici et de l’au-delà.

- Oublions, ça arrive d'être de mauvais poil sans savoir vraiment pourquoi ... Et dans ces moments là, c'est injuste mais c'est comme ça, on s'en prend à son conjoint qui n'y est pour rien.
On fait tomber sa colère sur ce que l'on a de plus proche puisqu'on ne peut la poser nulle part ailleurs.

Un premier baiser ne doit pas être pratique bon sang.
Il doit être inoubliable.

- ça ? C'est parce que j'ai creusé la terre jusqu'après ma mort pour couvrir ton corps d'or et de lumière.
Elle m'a regardé avec un demi-sourire.
- Ne me quitte pas Merveille.
Tout doucement, elle a hoché la tête de droite et de gauche.
Ce n'était pas une négation mais déjà une tendresse.
- Moi je t'offrirai des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas.

Avant d'être tes parents ce sont des individus.
Un homme et une femme avec leurs forces et leurs faiblesses.
Arrête de les regarder du fond de ton lit comme s'ils venaient encore te border et accepte-les comme de pauvres humains qui tentent désespérément de faire de leur mieux.

(parlant d'internet)
C'est effrayant ce que cette machine garde au tréfonds de ses câbles.
Encore plus monstrueux, la facilité avec laquelle elle les recrache au regard des indiscrets.
A contrario de la mémoire humaine qui oublie ce qui l'empêche de grandir, internet gonfle et grossit de tout et de rien ... C'est un obèse qui remue sans cesse un présent pétrifié.

- Et elle fait quoi ? On ne la voit jamais par ici.
- Elle travaille. Les femmes travaillent aujourd'hui.
- Ah oui .... parce qu'avant on se pavanait ? C'était pas du travail d'élever les minots et de tenir la maison ? C'était de la rigolade le lavoir en hiver ?

Quand on est faits pour être amis il faut avoir l'intelligence de s'en tenir là.

- .. je suis curieux
- un bien vilain défaut.
- J'aime entendre la musique complète des histoires que je vis.