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Critique de Henri-l-oiseleur
Je ne parlerai ici, pour ce volume, que des Confessions et des Rêveries.
Historiquement, les Confessions sont la toute première autobiographie au monde : même les textes hiéroglyphiques des parois des tombes de nobles égyptiens, qu'on appelle de ce nom, ne peuvent y prétendre, pas plus que "Les Confessions" de Saint Augustin (retraduit sous le titre bête d'"Aveux"). En effet, Rousseau est le premier à introduire dans un récit de vie la réalité quotidienne la plus banale, et des actes, des sentiments et des pensées d'une personne privée, issue d'une classe sociale assez basse, dans un récit strictement privé et qui n'épargne rien d'intime au lecteur. Jusque-là, on estimait que seules avaient droit au récit, aux "Mémoires", les vies de grands personnages, grands par leur naissance, et par leur action sur l'histoire des hommes, ou par leur visée (proclamer l'action de Dieu dans une vie, pour St Augustin). La parution posthume de ce livre fit donc scandale dans une société aristocratique qui n'aimait pas Rousseau de son vivant déjà, et qu'il prit à rebrousse-poil une dernière fois, après sa mort. Ceci posé, on peut mesurer l'audace extrême de ce texte trop vite canonisé par l'école, au prix de sa force subversive.
Quant aux Rêveries, qui doivent à Montaigne leur attention aux mouvements de la pensée non rationnelle, aux états de l'âme dans le demi-sommeil, dans l'évanouissement, dans la méditation, l'association libre, ce sont de splendides poèmes en prose avant la lettre, et le plus bel éloge de la solitude que je connaisse, après ceux de Montaigne dans ses Essais, bien sûr. Toute personne qui s'interroge sur le bonheur devrait lire les Rêveries, qui sont tout à la fois un ouvrage de réflexion, un poème touchant et le coeur et l'imagination, et peut-être ce que le XVIII°s a produit de plus beau.
Cette édition de la Pléiade, conformément à sa politique d'exhaustivité, contient tous les autres textes autobiographiques de Rousseau.
Historiquement, les Confessions sont la toute première autobiographie au monde : même les textes hiéroglyphiques des parois des tombes de nobles égyptiens, qu'on appelle de ce nom, ne peuvent y prétendre, pas plus que "Les Confessions" de Saint Augustin (retraduit sous le titre bête d'"Aveux"). En effet, Rousseau est le premier à introduire dans un récit de vie la réalité quotidienne la plus banale, et des actes, des sentiments et des pensées d'une personne privée, issue d'une classe sociale assez basse, dans un récit strictement privé et qui n'épargne rien d'intime au lecteur. Jusque-là, on estimait que seules avaient droit au récit, aux "Mémoires", les vies de grands personnages, grands par leur naissance, et par leur action sur l'histoire des hommes, ou par leur visée (proclamer l'action de Dieu dans une vie, pour St Augustin). La parution posthume de ce livre fit donc scandale dans une société aristocratique qui n'aimait pas Rousseau de son vivant déjà, et qu'il prit à rebrousse-poil une dernière fois, après sa mort. Ceci posé, on peut mesurer l'audace extrême de ce texte trop vite canonisé par l'école, au prix de sa force subversive.
Quant aux Rêveries, qui doivent à Montaigne leur attention aux mouvements de la pensée non rationnelle, aux états de l'âme dans le demi-sommeil, dans l'évanouissement, dans la méditation, l'association libre, ce sont de splendides poèmes en prose avant la lettre, et le plus bel éloge de la solitude que je connaisse, après ceux de Montaigne dans ses Essais, bien sûr. Toute personne qui s'interroge sur le bonheur devrait lire les Rêveries, qui sont tout à la fois un ouvrage de réflexion, un poème touchant et le coeur et l'imagination, et peut-être ce que le XVIII°s a produit de plus beau.
Cette édition de la Pléiade, conformément à sa politique d'exhaustivité, contient tous les autres textes autobiographiques de Rousseau.
