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Critique de PhilippeCastellain


J'ai cru avoir la preuve formelle que je vivais dans la matrice le jour où j'ai découvert qu'à peu près personne dans mon entourage ne savait qui était Tamerlan. Quoi ! Timour-Lengh, le boiteux sanglant, l'homme qui fit trembler toute l'Asie, brûla Dehli et Bagdad, construisit autours d'Ispahan quarante-cinq tours avec les cranes de ses habitants ! Lui qui fit de Samarkand la Rome de l'Asie, qui y construisit la célèbre mosquée au dôme bleue ! Lui dont l'arrière-arrière-arrière petit fils, Babur, envahir l'Inde et fonda l'empire des grands Moghol, qui parmi d'autres exploits construisit le Taj Mahal et le Fort Rouge de Dehli ! Mais non le livre est là, sur Babelio, ouf pas de pilule bleue. Faisons donc un peu plus connaissance avec ce personnage historique.

Il nait dans une famille de mongoles islamisés, à l'époque où l'empire de Gengis Khan est en plein effondrement. Les khans se font la guerre, des royaumes émergent et prennent leur indépendance un peu partout, toute l'Asie centrale est en pleine anarchie. D'abord au service d'un khan puis d'un autre, parfois à la tête d'une armée, parfois chevalier errant, le jeune homme fait peu à peu son ascension. Sa réputation grandit, son influence se fait prépondérante ; son armée plus puissante. Devenu émir de Transoxiane, il doit défendre son royaume contre les mongols restés nomades à l'est, et à l'ouest contre la Horde d'Or.

Puis la conquête de l'Iran, de l'Afghanistan. Quand une cité ne se rend pas, elle est détruite. Quand elle se révolte, elle est détruite. Conquête, pillage. Inlassablement, Timour le boiteux lutte. Mais ce sont ses deux dernières campagnes qui le feront passer à la postérité. Contre l'Inde, d'abord : Dehli est mise à sac, des centaines de milliers de captifs emmenés en esclavage. Puis contre l'Asie Mineur : en une bataille, l'empire Seldjoukide est écrasé ; il mettra cinquante ans à s'en remettre – autant de pris pour Constantinople.

L'auteur intervient un peu beaucoup dans cette biographie, écrite à la première personne – ce qui a le mérite de souligner que les théories présentées sont les siennes. Intéressantes du reste, notamment sur la personnalité de Tamerlan, et sur la construction économique de l'empire. La partie sur les arts et la culture est également bien développée. A mi-chemin entre l'ouvrage d'historien fouillé et le livre de vulgarisation, cette biographie est au final bien écrite et fort instructive.
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