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Critique de zazy


zazy
16 novembre 2018
En périphérie d'une grande ville, la narratrice, une jeune femme perdue dans un bois, dont nous ne serons rien, regarde un groupe de plusieurs personnes autour d'un feu dont une très vieille femme dans une caisse et une femme enceinte. Cette dernière lui propose de les rejoindre. Elle va la suivre, sans un mot, jusqu'à sa caravane où elle accouche de jumeaux, issus d'un viol. Andronica, tel et son prénom crie sa colère contre le père de ses enfants et la vieille femme qui l'a accouchée et s'est permis de donner un prénom au dernier né alors qu'elle était évanouie.
Il lui faut absolument, enfin c'est ce qu'elle veut, retrouver le père, qui l'a violentée, pour qu'il nomme les enfants, entérine les deux prénoms et ainsi, reconnaisse son acte et ainsi, efface l'affront de l'accoucheuse.
Les deux femmes et les jumeaux entrainent avec elles d'autres femmes en colère rencontrées au cours de leur périple.
J'ai traversé avec elles, un territoire fait d'abris précaires, de réfugiés, de sans-papiers exploités dans les grands travaux qui parsèment la périphérie ceci, bien entendu, sans aucun contrat de travail. Beaucoup de morts sans nom, sans sépulture décente jalonnent les constructions.
La colère d'Andronica qui la gueule à plein poumons va attirer un attroupement. Les ouvriers des chantiers arrivent, écoutent. Les langues se délient, les colères sortent, les larmes jaillissent.
« C'est comme nous, à dit un autre homme, nous avons déjà un travail, il faudrait donner un nom à ce travail, il faudrait que ce travail soit reconnu.
Entendus, il faudrait que nous soyons entendus, a dit un dernier. »
Ce road street trip, voyage initiatique, voyage de la reconnaissance, de l'autorisation à s'exprimer, de la demande de reconnaissance des autres. Peut-être permettra t-il à ces hommes et femmes d'être reconnus, de pouvoir être nommés, d'avoir un nom.
Une démarche singulière ? le silence de la narratrice renforce le cri d'Andronica et des autres. Ce voyage lui permettra peut-être de trouver sa voie et retrouver sa voix.
Un récit singulier, original qui crie ce besoin du nom qui nous différencie les uns des autres. J'ai apprécié que les coups de gueule d'Andronica amènent les gens à se regrouper, à leur permettre de parler, d'oser le faire.
Circulus, cercle qui entoure les femmes et qui grandit, s'exprime, crie ; cercle vicieux de la pauvreté, cercle de la piste de crique, cercle de la violence… Un premier roman court mais fort, avec une note d'espoir ou d'espérance.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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