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Critique de Musa_aka_Cthulie


On aurait pu intituler ce livre : "Comment l'Angleterre vola à la France un de ses talentueux jeunes artistes". Mais ça, c'est la version chauvine. Un titre plus approprié serait probablement : "Comment la France fut incapable de reconnaître l'un de ses talents prometteurs par manque d'ouverture d'esprit". Non pas que je considère l'Angleterre comme un modèle absolu, très loin s'en faut. Mais le fait est qu'au début du XXème siècle, nous étions (et ce malgré l'émergence de mouvements comme le symbolisme et l'Art Nouveau) très frileux et peu ouverts aux arts décoratifs, dont nous faisions fort peu de cas. Résultat : la plupart des grands illustrateurs de l'époque sont anglais, voire russes, suédois, allemands, américains, et que sais-je encore. Edmund, ou plus exactement Edmond Dulac (car c'était son véritable nom), était, lui, français, mais est devenu, tout jeune artiste encore, un expatrié. Il a compris que ce qu'il aimait peindre ne convenait pas au goût français. Et il ne s'est pas raté sur ce coup-là, vu qu'il a rapidement trouvé des commandes auprès de revues anglaises : l'illustration y était alors en plein essor, notamment grâce à Arthur Rackham.


Je me suis vite rendu compte à la lecture que je connaissais mal, voire très mal, voire très très mal, Edmund Dulac. Je le confondais avec à peu près tous les illustrateurs anglais du début du XXème... Et que dire des nombreux noms de ses confrères cités ? Bon, il n'est jamais trop tard pour combler ses lacunes. J'aurais évidemment été incapable de dire en quoi il se distinguait d'Untel ou d'Untel. À présent, je pense avoir compris : c'est son usage de la couleur, et spécialement du bleu, qui fait sa marque. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec André-François Ruaud sur l'influence de l'Art Nouveau plus prégnante chez Rackham que chez Dulac : c'est sensible chez les deux artistes. Mais il faut bien avouer que les nocturnes de Dulac, c'est quelque chose. Quant à son goût pour l'Orient, il serait difficile de passer à côté, ne serait-ce que parce qu'il a beaucoup illustré les Mille et Une Nuits.


Le gros point fort de la collection des Artbooks féériques des Moutons électriques, c'est bien entendu le grand nombre de reproductions de bonne qualité, pour un prix correct (15 euros). le texte n'est pas très long, mais suffisant pour une première approche de l'artiste, et bien documenté. On appréciera notamment la remise en contexte de l'illustration en Angleterre à l'époque de Dulac. Les points faibles - et là je vais me répéter, car j'avais dit la même chose pour l'opus sur Arthur Rackham -, ce sont la mise en page (texte coupé en plein milieu par de nombreuses pages de reproductions) et le manque d'informations sur les oeuvres. Et pas de bibliographie, ce qui commence à sérieusement m'agacer !


Si vous n'aimez pas pas vous farcir la tête de textes dans les livres d'art et que vous souhaitez faire un petit pas de côté, n'hésitez pas à tenter le coup avec ce titre ! C'est tout plein de belles images qui font rêver...
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