Pour illustrer notre possible résistance commune au culte de l’argent, je voudrais citer un célèbre dominicain, Bartholomé de Las Casas, auteur de la Controverse de Valladolid. Quand il défend le point de vue que les Indiens ont une âme et qu’il faut cesser de les tenir en esclavage, il écrit: «Depuis les tout premiers contacts, les Espagnols n’ont paru animés et poussés que par la soif de l’or. C’est tout ce qu’ils réclament: « De l’or, de l’or, de l’or. Au point qu’en certains endroits, les habitants des terres nouvelles disaient : « Mais qu’est-ce qu’ils en font de tout cet or? Ils doivent le manger. » Tout est soumis à l’or, tout. » Je crains que l’on vive dans un monde où, de plus en plus, tout soit soumis au profit.
François Ruffin : Je ne pense pas être un homme de paix, mais un homme de combat. Mon discours est relativement belliciste. Quand on parle de paix, j'ai souvent l'impression que c'est d'une fausse paix qu'il s'agit : la paix des puissants, le silence qu'on voudrait nous imposer.