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Critique de Soleney


Roman emblématique du réalisme magique, Pedro Páramo est un classique de la littérature mexicaine. J'en avais plusieurs fois entendu parler dans mes cours, et cette année, il faisait partie de la liste des livres à lire.
Je me suis donc plongée dans l'histoire avec plaisir (ça me coupait de ma lecture du Roman comique de Scarron) et j'avoue avoir été déstabilisée à plusieurs reprises. Les pages se tournent très facilement, mais l'histoire s'entortille, se noue et se dénoue, s'emmêle. La chronologie est fragmentée, on change de narrateur sans prévenir, et certains passages semblent n'avoir aucun lien avec l'intrigue.

Le récit commence avec la quête de Juan Preciado, jeune homme qui vient de perdre sa mère. Sur son lit de mort, elle lui a fait promettre de retrouver son père, disparu avant sa naissance. Pour cela, elle ne lui a donné qu'un seul indice : il s'appelle Pedro Páramo. Dérouté, il va chercher du côté de son village natal, Comala. Sauf que, dans ce village, il n'y a plus personne. Plus aucun être vivant, en tout cas, parce que les morts ne sont pas tout à fait morts.
Non, ce n'est pas un livre de zombies, ne vous y trompez pas.

À côté du Roman comique, cette lecture est rafraichissante. le style est clair, les phrases sont faciles à comprendre (enfin !!). Il y a quelque chose d'apaisant dans la présence des morts auprès des vivants. On les confond avec ceux qui sont encore en vie et ils racontent le passé du village. On découvre, à travers les bribes de leurs discours, ce qui s'est passé il y a quelques années. Ils sont très incohérents, d'où les 69 fragments qui constituent le roman. En lisant, j'ai eu l'impression d'enlever une à une toutes les couches d'un oignon pour en atteindre le coeur.

Juan Rulfo nous réserve quelques surprises, notamment à la moitié du livre où il se passe quelque chose de tellement incroyable, innovant et osé que j'ai cru que c'était encore une divagation des morts. Au final, non. Mais je vous assure que je n'ai jamais vu ça de toute ma vie de lectrice (qui commence à devenir un peu conséquente, j'ose le dire).

Je ne pourrais pas vraiment dire si les personnages ou l'histoire m'ont plu. C'est un peu au-delà de ça. Les protagonistes sont si complexes et si imprévisibles que je suis incapable de dire si je les apprécie. On les accepte comme entités vivantes, au même titre qu'une personne qu'on croise dans la rue, tellement leur existence coule de source. Ils sont, tout simplement. Sans nous donner un lien affectif particulier avec eux, l'auteur a su nous les rendre vrais et authentiques. C'est pareil pour l'histoire – bien que celle-ci soit parfaitement improbable ! Mais ce réalisme magique est tout à fait acceptable car Juan Preciado, bien que légèrement surpris au début, traite les événements comme s'ils faisaient partie du quotidien. C'est sûrement à cause de l'atmosphère étrange (je dirais : lancinante, berçante) qui règne à Comala qui le rassure, l'enveloppe – et nous enveloppe.

Assurément, c'est un livre à lire. N'ayez pas peur de vous laisser perturber, c'est une autre culture qui vous parle.
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