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Critique de Kio971


Kio971
23 décembre 2021
"Un homme presque parfait", de Richard Russo, est la parfaite illustration d'un titre dont la traduction n'a absolument rien avoir avec celui de la langue originale du livre - ici "Nobody's Fool" - et qui ne rend absolument pas le grain de folie que possèdent la majorité des personnages de ce livre.

C'est vraiment dommage car c'est la caractéristique principale de ce livre et ce qui en rend les personnages si attachants. Tous sont gentiment déjantés et le roman nous présente les liens qu'ils entretiennent et comment cette douce folie se place au centre de leurs relations.

Le personnage principal est Donald Sullivan dit Sully, la soixantaine, ouvrier du bâtiment vivant de petits chantiers qui se présentent à lui au gré des jours : il est tour à tour maçon, plâtrier, menuisier, ou couvreur, cette dernière activité lui ayant causé un sérieux accident du travail qui, si il ne l'a pas laissé réellement handicapé, lui a occasionné une blessure au genou dont il peine à guérir et qui lui provoque une boiterie douloureuse. Malgré tout, tout en cherchant à se faire déclarer travailleur handicapé afin de toucher une pension plus élevée, Sully continue ses chantiers, avec en remorque son éternel acolyte, Rub, dont l'odeur sui generis ferait fuir même un putois.

Autour de Sully gravitent les personnages de son petit monde : Beryl Peoples, sa logeuse (ancienne enseignante et toujours terreur de tous les élèves de quatrième qu'elle a eu en classe) qui discute régulièrement avec la photo de son mari décédé posée sur la télé et avec un masque africain ramené d'un de ses nombreux voyages.

Il y a aussi Jocko, fournisseur officiel de Sully en comprimés antidouleurs pas toujours officiels (et parfois pas même encore réellement testés); Ruth, sa maîtresse depuis vingt ans (toute la ville est au courant de leur liaison, sauf Zach, le mari de Ruth); Vera, l'ex-femme de Sully, un modèle d'auto-apitoiement pathologique, et toute une ribambelle de personnages secondaires un peu loufoques.

Tous font de leur mieux pour survivre dans cette petite ville de North Bath, au nord de New-York, le temps d'un hiver (le roman se passe entre Thanksgiving et le Nouvel An) que Sully espère neigeux afin de gagner quelques dollars à dégager les entrées des maisons des uns et des autres grâce à la déneigeuse chauffante qu'il a subtilisée à son employeur (et qui est l'enjeu d'une éternelle poursuite entre les deux hommes pour la récupérer tout à tour).

Un homme presque parfait est un livre agréable à lire, plein de moments hilarants quand on suit Sully dans ses péripéties à travers la ville, avec quelques épisodes doux-amers aussi, qui invitent à une réflexion sur le déclin d'une petite ville dont les habitants vieillissants gardent surtout le souvenir des moments heureux de leur enfance passée dans ses rues et dans ses parcs.
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