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Critique de Pasoa


Nelly Sachs a 49 ans quand un jour de mai 1940, elle doit quitter précipitamment l'Allemagne pour rejoindre la Suède. D'origine juive, quelques jours plus tard, elle aurait dû se rendre à une convocation sur ordre des autorités allemandes… Jeune femme, Nelly Sachs avait déjà fait ses débuts littéraires à Berlin mais c'est à Stockholm, en exil, qu'elle va connaître sa véritable naissance en poésie. Comme le seul bien qui lui reste après sa fuite, elle va se saisir de sa langue d'origine, qui est aussi celle de ses bourreaux, pour en faire celle des victimes, l'objet de ce qui va la sauver. C'est au creux de l'essence même de la langue qu'elle va se réfugier, là où les mots s'évanouissent, là où il ne reste plus que le mystère du Mal et de la souffrance.

"Partage-toi, nuit" est un recueil de nombreux textes publiés en Suède de 1961 à 1971, quelques-uns des plus importants de l'oeuvre de Nelly Sachs. Dès les premières pages, une force se dégage, une ampleur inhabituelle qui embrase dans un même souffle tous les espaces et toutes les époques (beaucoup de textes font référence à la Kabbale et à la Thora), une écriture où la sphère du particulier devient le lieu de l'universel, une écriture-refuge affranchie du temps et des lieux.

Les textes de Nelly Sachs sont assez dépourvus d'harmonie, de lyrisme.Tout le style est concis, radical, intransigeant, réduit à l'essentiel. Il se déploie en rythmes libres comme délivré de l'instant, d'un sentiment d'oppression, d'inquiétude à partir duquel la langue se sublime et prend le large. C'est une lecture exigeante mais touchante.

Pas de mort sans résurrection, pas de nuit sans lumière du jour, pas de passé sans avenir, pas de barbarie sans possibilité de paix. Malgré le Mal et la souffrance, Nelly Sachs a su garder la foi en l'homme. C'est tout ce qui apparaît dans sa poésie.
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