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EAN : 9782864324515
251 pages
Verdier (06/10/2005)
4.38/5   8 notes
Résumé :
4ème de couverture
Les dix dernières années de la vie de Nelly Sachs, de 1960 à 1970, auraient pu être simplement celles de la consécration. L’attribution du prix Nobel de littérature en 1966, la multiplication des traductions en langues étrangères, la parution des premières études importantes sur son œuvre, sont alors autant de signes d’une large reconnaissance. Pourtant, les poèmes de cette période marquée par de nombreux séjours en hôpital psychiatrique co... >Voir plus
Que lire après Partage-toi, nuit (précédé de) Toute poussière abolie - La mort célèbre contre la vie - Enigmes ardentes Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les poèmes de ce recueil ont été écrits les quatre dernières années avant la mort de Nelly Sachs, nobélisée quelques années plus tôt, et ont été rassemblés à titre posthume.
J'avais déjà lu et aimé, Eclipse d'étoile, un recueil composé peu après la deuxième guerre mondiale. 20 ans plus tard, les thèmes sont les mêmes: le deuil, la mort, la tristesse, l'horreur des camps de mort, la perte d'un être cher... deuil impossible malgré les années, celui de son amour de jeunesse, mort en déportation.
Plus opaques, plus condensés dans la douleur, ces poèmes-ci sont difficiles à appréhender comme si le monde entier, son paysage, sa nature, l'air, les relations, tout s'était imprégné de cette douleur avec le temps et n'exisait plus sans elle aux yeux de la poétesse. Celle-ci a fait de nombreux séjours en hôpital psychiatrique, a souffert de dépression et on ressent dans sa poésie cette souffrance qu'elle n'a jamais pu vaincre.
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Nelly Sachs a 49 ans quand un jour de mai 1940, elle doit quitter précipitamment l'Allemagne pour rejoindre la Suède. D'origine juive, quelques jours plus tard, elle aurait dû se rendre à une convocation sur ordre des autorités allemandes… Jeune femme, Nelly Sachs avait déjà fait ses débuts littéraires à Berlin mais c'est à Stockholm, en exil, qu'elle va connaître sa véritable naissance en poésie. Comme le seul bien qui lui reste après sa fuite, elle va se saisir de sa langue d'origine, qui est aussi celle de ses bourreaux, pour en faire celle des victimes, l'objet de ce qui va la sauver. C'est au creux de l'essence même de la langue qu'elle va se réfugier, là où les mots s'évanouissent, là où il ne reste plus que le mystère du Mal et de la souffrance.

"Partage-toi, nuit" est un recueil de nombreux textes publiés en Suède de 1961 à 1971, quelques-uns des plus importants de l'oeuvre de Nelly Sachs. Dès les premières pages, une force se dégage, une ampleur inhabituelle qui embrase dans un même souffle tous les espaces et toutes les époques (beaucoup de textes font référence à la Kabbale et à la Thora), une écriture où la sphère du particulier devient le lieu de l'universel, une écriture-refuge affranchie du temps et des lieux.

Les textes de Nelly Sachs sont assez dépourvus d'harmonie, de lyrisme.Tout le style est concis, radical, intransigeant, réduit à l'essentiel. Il se déploie en rythmes libres comme délivré de l'instant, d'un sentiment d'oppression, d'inquiétude à partir duquel la langue se sublime et prend le large. C'est une lecture exigeante mais touchante.

Pas de mort sans résurrection, pas de nuit sans lumière du jour, pas de passé sans avenir, pas de barbarie sans possibilité de paix. Malgré le Mal et la souffrance, Nelly Sachs a su garder la foi en l'homme. C'est tout ce qui apparaît dans sa poésie.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
     
Cette télégraphie mesure par une mathématique à la satane
les endroits de mon corps
où la musique est à fleur de peau
Un ange bâti de souhaits d’amour
meurt et ressuscite dans les lettres où je voyage
     
*
     
Vous parlez avec moi dans la nuit
mais hors de combat comme tous les morts
vous avez légué l'ultime lettre de l'alphabet
et la musique des gorges
à la terre
qui chante l'adieu par toutes les gammes
Mais enfouie dans le sable mouvant
j'entends quelque chose de nouveau dans la grâce -
     
     
(« Partage-toi, nuit », traduction de l'allemand de Mireille Gansel, p. 75, 83).
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Droit au fond de l'extrême
sans jouer à cache-cache devant la douleur
Je ne peux que vous chercher
quand je prends le sable dans ma bouche
pour goûter alors la résurrection
car vous avez quitté mon deuil
Vous avez pris congé de mon amour
vous mes bien-aimés -

1963
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Ô VOUS MES MORTS
Vos rêves sont devenus orphelins
La nuit a recouvert les images
Envolée en chiffres, votre langue chante

La cohorte d'exode des pensées
votre legs migrant
mendie à mon rivage

Je suis inquiète
très effrayée
de saisir ce trésor avec ma vie si petite

Moi-même dépositaire d'instants
de battements de cœur, d'adieux
de blessures de mort,
où est mon héritage

Le sel est mon héritage


(extrait de "Elle cherche son bien-aimé et ne le trouve pas", 1966) - p. 221
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Vidéo de Nelly Sachs
Samedi 19 septembre 2020 / 14 h
De Virginia Woolf à Emily Brontë...
Marie Cosnay est écrivaine, traductrice de textes antiques. Elle a récemment publié IF (L'Ogre, 2020), Les Enfants de l'Aurore (Fayard, 2019), Voir Venir. Écrire l'hospitalité avec Mathieu Potte-Bonneville (Stock, 2019), Vie de HB (Nous, 2016), Jours de répit à Baigorri (Créaphis, 2017) et Éléphantesque (Cheyne, 2018). Les Éditions de l'Ogre ont également publié Cordelia la Guerre (2015) Aquerò (2017) et épopée (2018). Marie Cosnay a reçu le Prix Nelly Sachs et le Prix Bernard Hoepffner pour sa traduction remarquée des Métamorphoses d'Ovide (L'Ogre, 2017).
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