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Critique de Luniver


Étrange voyage au coeur du cerveau humain. À travers des portraits souvent touchants de ses patients, Oliver Sacks nous montre plusieurs fonctions de notre organe favori qui nous semblent tellement naturelles et évidentes qu'on ne cherche même pas à mettre un nom dessus, et qui pourtant peuvent disparaître (ou ne jamais se développer) : savoir où se trouve le sol en marchant sans devoir regarder à terre en permanence, voir une main et comprendre que c'est la nôtre, reconnaître le visage de sa femme et de ses enfants, se rappeler de ce qu'on a fait la veille, …

Le plus dérangeant dans ce livre, c'est qu'il bouscule la conception que l'on peut avoir de la personnalité. On a tendance à la considérer comme unique, indivisible, voire même éternelle pour une partie de la population (avec le concept de l'âme). Pourtant, les histoires racontées ici semblent plutôt suggérer que nous avons plein de petits « modules » dans le cerveau, connectés mais en partie indépendants, et qu'il suffit qu'il n'y en ait qu'un qui cesse de fonctionner correctement pour transformer radicalement notre personnalité et notre manière de voir le monde ; tout comme le fait que certaines substances chimiques peuvent totalement éteindre ou au contraire exciter des traits de caractère parfois présents depuis la petite enfance.

J'ai aussi beaucoup apprécié la manière très humaine d'aborder chaque patient. Quand on se spécialise dans un domaine, on a tendance à ne plus voir qu'un organe (ou une sous-fonction d'un organe), plus ou moins bien entretenu, à la place d'un être vivant. L'auteur souligne l'importance d'observer une personne dans sa vie quotidienne plutôt de se fier à des tests standardisés réalisés dans des laboratoires. Il se pose aussi la question de la légitimité du corps médical à arracher une personne à une vie potentiellement riche pour la forcer à acquérir une semi-autonomie précaire dans le monde dit normal.

Malgré son titre qui prête à sourire, ce témoignage provoque de sérieuses interrogations. Suffisamment pour donner envie de se plonger un peu plus sérieusement dans le sujet.
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