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Critique de Dolray


« Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. » (Jean-Jacques RousseauLes Confessions)

Ah, le marquis de Sade ! Voilà un auteur qui a fait couler beaucoup d'encre – et pas que de l'encre, me direz-vous ! – et qui nous a prouvé que le français, à l'exact inverse de l'allemand, peut servir à exprimer les choses les plus monstrueuses de la plus belle des façons. Prêterez-vous l'oreille au meilleur porte-parole de nos pulsions les plus inavouables, à un prisonnier qui semble nourrir le projet d'enfermer toute l'humanité dans son cachot miteux, un cachot aussi étroit que l'esprit humain ?

Les deux arts les plus nobles de l'humanité – à savoir, évidemment, le porn et la philosophie – sont mélangés ici avec la plume virtuose de Sade qui nous montre que la philosophie, loin de l'image commune de « masturbation intellectuelle », est une sacrée orgie. Il se moque avec éclat de l'homme, esclave éternel de ses pulsions – dont le ridicule est si bien retranscrit par des scènes de libertinage répétitives mais combien jubilatoires – que ni le Platonisme et ni le Christianisme n'ont su dompter et qui ont toute latitude après la chute de l'Eglise et la victoire du matérialisme.

Il se moque plus encore de la philosophie des Lumières qui promettait à l'humanité un avenir radieux dans lequel le soleil de la philosophie se lèverait sur le monde pour tous nous baigner dans sa lumière. Tandis que nombre de philosophes regardent en pleurant ce soleil jusqu'à l'aveuglement, Sade, lui, lui tourne le dos et profite de l'occasion pour produire des ombres chinoises obscènes. le rire de Sade perce le ciel et avec lui tout espoir d'un monde meilleur et, deux cents ans et tous les événements que l'on sait plus tard, il résonne encore à nos oreilles.

Mais venons-en au synopsis : à défaut de marteau, des libertins enseignent leur philosophie à la jeune génération… à coups de reins. Voilà qui ressemble fort à une entreprise socratique ! Socrate en son temps, déjà, était accusé de corrompre la jeunesse. Et, contrairement à l'éducation Rousseauiste, qui nécessite de longues années, l'éducation libertine, elle, ne prend que quelques heures, car elle parle directement à notre être naturel.

Et s'il vous fallait un argument décisif pour lire ce chef-d'oeuvre : Sade conjugue le verbe foutre à l'imparfait du subjonctif.
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