AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Mamzelle


Adorer n'est pas aimer.
L'adjectif “adorable” a ce petit quelque chose de mignon, de fraternel, de gentil, de léger qui plaît d'abord et exaspère ensuite. Quelle femme amoureuse aurait envie de n'être qu'adorable?


Quand Verlaine ouvre les yeux, il est bâillonné et ligoté sur le fauteuil en rotin qui siège dans son propre salon. En face de lui se dessine la silhouette d'Anabel, qu'il a quitté 2 mois plus tôt.
S'engage alors un huis clos des plus troublants puisqu'Anabel, pour la première fois depuis qu'elle le connaît, va prendre le contrôle de leur relation, étant la seule à pouvoir parler et lui étant condamné à l'écouter.

Avec ce face-à-face moite, sensuel, un peu anxiogène, Dahlia évite le piège en évoquant des références BDSM très évidentes (liens, domination…) sans en faire le pivot de l'histoire et sans perdre de vue le fil rouge qu'est la question de l'abandon total.
En effet, la peur de la perte de contrôle que nous connaissons ou avons tous connu un jour, cette peur-là qui nous fait parfois agir au nom du “moindre mal”, cette peur qui ne nous fait parfois accorder à l'autre que de simples miettes, cette peur n'est-elle pas le dernier rempart à abattre ou à laisser s'abattre?

Anabel et Verlaine ne sont pas des individus extraordinaires, ils n'ont pas une histoire extraordinaire et c'est ceci qui rend ce livre touchant.
La profondeur que Dahlia a su accorder aux personnages, nous faisant tour à tour les trouver bourreau et victime, de façon presque alternée, fait effet d'un miroir parfois même dérangeant.
Adore” s'avère donc être un premier roman très prometteur de la part d'une jeune femme qui a souvent eu à justifier son “écriture d'Internet”.
Certes, le style gagnerait en légèreté s'il y avait moins d'images, moins de métaphores qui, si elles font travailler l'imagination du lecteur, le détourne un peu de sa lecture et la rend plus difficile, plus lourde.
De plus un véritable débat s'engagera (et il s'est déjà engagé) sur la pertinence de la fin du livre en regard du déroulement et du ton donné tout le long. D'ailleurs, pour ma part, je n'y adhère pas.

Finalement, Dahlia nous livre ici un premier roman qu'on sent sortir de ses tripes, un premier roman que l'on retiendra pour l'originalité du traitement du huis clos, pour la moiteur qui transpire à travers les pages, pour l'empreinte des deux personnages et pour la maîtrise du récit qui arrive à contrebalancer une forme un peu trop riche.
A dévorer sur fond de soirée orageuse, littéralement.
Lien : http://lesplumesdaudrey.fr
Commenter  J’apprécie          30







{* *}