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Critique de elea2020


J'ai lu des romans de Françoise Sagan, mais je ne pensais pas lire un jour une pièce de théâtre écrite par elle. La pièce se développe sur quatre actes, ayant pour cadre un château en Suède, demeure surannée où vivent cinq personnes en permanence, ainsi qu'un invité, et quelques serviteurs. La majeure partie de l'hiver, le château est isolé du reste du monde par la neige, et on peut y goûter des joies rustiques (chasser, visiter les cultures ou réparer un tracteur), s'ennuyer (en costumes du 18ème siècle), ou marivauder, puisqu'on n'a que ça à faire - et bien sûr, nos personnages ne vont pas s'en priver.

Ainsi sont regroupés dans une famille pour le moins improbable Hugo et sa soeur Agathe, derniers tenants d'une famille noble suédoise, les Falsen, qui se souviennent de la grandeur passée, notamment Agathe, qui aime à évoquer les anecdotes liées aux membres de sa famille. Hugo a épousé en secondes noces (mais on découvrira vite que c'est plus compliqué que ça) Eléonore, laquelle ne se déplace jamais sans son frère Sébastien, parasite de charme. La demeure, dans les couloirs de laquelle on se perd, on erre la nuit, ou l'on grelotte, abrite encore d'autres surprises : la première femme d'Hugo, Ophélie, que l'on cache (elle a été officiellement enterrée), un serviteur lettré, Gunther, qui disparaît, apparaît, et parle à la troisième personne.

Tout cela se complique avec l'arrivée d'un jeune cousin de Stockholm, Frédéric, qui, pour apporter du sang frais, n'en bouleverse pas moins l'équilibre précaire des relations en tombant amoureux d'Eléanore, et se trouve bien malgré lui le centre de machinations et moqueries diverses.

L'action n'est pas absente de cette pièce, l'analyse psychologique non plus, l'humour, souvent noir, fait mouche, mais tout se passe comme si Françoise Sagan, somme toute, voulait avant tout déconstruire les codes, faire du plein avec du creux, mettre en exergue une génération fatiguée de vivre, mais sans désespoir, alanguie, refusant de "se prendre la tête", ce qu'ils diraient aujourd'hui. En-dehors d'Hugo, qui tient toute la maisonnée sur ses épaules, par son travail, sa personnalité carrée et volontaire, tous sont oisifs, plutôt mous, et les deux Français franchement immoraux, même s'ils se racontent que c'est leur vie qui les rend ainsi.

On suit avec plaisir, quoique peu d'attente, cette intrigue de moeurs, et j'ai été surprise par l'apparente facilité, légèreté à la première lecture, qui s'est teintée de gravité, d'ironie à la seconde. J'ai finalement plus apprécié cette pièce que je ne le pensais - ce serait une bonne idée de la jouer en l'actualisant.
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