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Dans un château isolé par la neige, la famille Falsen vit en costume d'époque. Agathe, parce qu'elle possède les deux tiers du domaine, impose cette habitude. Lorsqu'on annonce la visite d'un cousin, Frédéric, la famille s'agite, c'est qu'il faut être à la hauteur de la réputation d'hospitalité des Falsen. Première décision : enfermer Ophélie dans sa chambre. Tout le monde croyant la première femme d'Hugo morte et enterrée, il ne s'agit pas qu'elle rencontre Frédéric.
Dès la première scène, le lecteur (ou le spectateur) comprend que tout n'est pas clair dans cette famille, que ce soit à cause des costumes d'époque, d'Ophélie ou encore de certaines allusions, glissée là, l'air de rien.
Et le lecteur (ou le spectateur) n'est pas au bout de ses surprises.
Une pièce de théâtre très différente des romans de Françoise Sagan. La pièce est grinçante et l'humour est noir.
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J'ai lu des romans de Françoise Sagan, mais je ne pensais pas lire un jour une pièce de théâtre écrite par elle. La pièce se développe sur quatre actes, ayant pour cadre un château en Suède, demeure surannée où vivent cinq personnes en permanence, ainsi qu'un invité, et quelques serviteurs. La majeure partie de l'hiver, le château est isolé du reste du monde par la neige, et on peut y goûter des joies rustiques (chasser, visiter les cultures ou réparer un tracteur), s'ennuyer (en costumes du 18ème siècle), ou marivauder, puisqu'on n'a que ça à faire - et bien sûr, nos personnages ne vont pas s'en priver.

Ainsi sont regroupés dans une famille pour le moins improbable Hugo et sa soeur Agathe, derniers tenants d'une famille noble suédoise, les Falsen, qui se souviennent de la grandeur passée, notamment Agathe, qui aime à évoquer les anecdotes liées aux membres de sa famille. Hugo a épousé en secondes noces (mais on découvrira vite que c'est plus compliqué que ça) Eléonore, laquelle ne se déplace jamais sans son frère Sébastien, parasite de charme. La demeure, dans les couloirs de laquelle on se perd, on erre la nuit, ou l'on grelotte, abrite encore d'autres surprises : la première femme d'Hugo, Ophélie, que l'on cache (elle a été officiellement enterrée), un serviteur lettré, Gunther, qui disparaît, apparaît, et parle à la troisième personne.

Tout cela se complique avec l'arrivée d'un jeune cousin de Stockholm, Frédéric, qui, pour apporter du sang frais, n'en bouleverse pas moins l'équilibre précaire des relations en tombant amoureux d'Eléanore, et se trouve bien malgré lui le centre de machinations et moqueries diverses.

L'action n'est pas absente de cette pièce, l'analyse psychologique non plus, l'humour, souvent noir, fait mouche, mais tout se passe comme si Françoise Sagan, somme toute, voulait avant tout déconstruire les codes, faire du plein avec du creux, mettre en exergue une génération fatiguée de vivre, mais sans désespoir, alanguie, refusant de "se prendre la tête", ce qu'ils diraient aujourd'hui. En-dehors d'Hugo, qui tient toute la maisonnée sur ses épaules, par son travail, sa personnalité carrée et volontaire, tous sont oisifs, plutôt mous, et les deux Français franchement immoraux, même s'ils se racontent que c'est leur vie qui les rend ainsi.

On suit avec plaisir, quoique peu d'attente, cette intrigue de moeurs, et j'ai été surprise par l'apparente facilité, légèreté à la première lecture, qui s'est teintée de gravité, d'ironie à la seconde. J'ai finalement plus apprécié cette pièce que je ne le pensais - ce serait une bonne idée de la jouer en l'actualisant.
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C'est l'hiver, dans un château isolé, une famille un peu foutraque se trouve coupée du monde et de ses règles par la neige. Eléonore et Sébastien se livrent à leur habituel jeu hivernal au dépens du jeune et bel invité, le cousin Frédéric. On pourrait trouver leur jeu cruel, mais outre le fait que Frédéric ne soit pas particulièrement sympathique, ça ne se prend pas trop au sérieux dans le Château en Suède, rien de tragique ou de pesant, par exemple dans cette histoire où le mari, Hugo, a organisé un faux enterrement pour sa première femme parce qu'il voulait en épouser une autre, même la principale concernée, Ophélie, prend la chose relativement bien, du coup c'est plutôt insolite et drôle, plaisant, burlesque. Quant à Sébastien, c'est là qu'il a commencé à estimer Hugo:
« Séquestrer une femme, faire croire à sa mort pour en épouser une autre, c'est assez extraordinaire. Il faut avoir des sentiments. Ah! Si j'avais eu envers les femmes le tiers de ces sentiments. »
C'est joliment déconcertant, le mode de fonctionnement exotique de ces aristocrates décadents qui s'habillent en costume Louis XV parce qu'Agathe s'est entichée de l'ancien temps et qu'elle possède les deux tiers du domaine, plutôt réjouissant le naturel avec lequel la famille Falsen envoie balader sans cérémonie nos conceptions de ce qui se fait et ne se fait pas.
Ce qui rend la lecture assez agréable, c'est aussi le goût des bons mots, le sens de la réplique, l'humour - chez Sébastien surtout qui, comme le dit son beau-frère Hugo, aime « bien les phrases »:
« C'est tout ce qui me reste, mon cher. L'intelligence est devenue une chose terrible, à notre époque. Elle vous tourmente vous-même, elle irrite les autres, elle ne convainc ni eux ni vous... ».
Sébastien ne croit plus à la possibilité de se faire la moindre petite idée de ce que peut signifier l'existence, et dans la pièce tout a quelque chose d'un jeu - si la vie est dénuée de sens, autant la traverser en s'amusant.
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« SEBASTIEN
Écoute, c'est vraiment étrange. Il enferme sa première femme, tue son jardinier, fait des sourires au soupirant de sa femme, quelque chose ne va plus. 
ELEONORE
Il est vrai qu'il se tient très mal. »

J'ai adoré cette pièce de Françoise Sagan. C'est plein d'humour, d'ironie et de beaux mots. Un vrai régal que je recommande.
Plus je lis Sagan plus elle me passionne.

« SEBASTIEN : Laisse moi penser... aimer, c'est ce que nous faisons quelquefois le soir. Plus quelques variantes chez les cérébraux. » « OPHELIE : C'est très bien. Je croyais que c'était bien plus compliqué... »
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Après un de ses romans, Un Sang d'aquarelle, qui avait été un coup de coeur, et une véritable révélation puisque c'est ainsi que j'ai découvert cette auteur; je l'aborde sous l'angle du théâtre et de sa première pièce. L'auteur reprendra d'ailleurs les personnages de Sébastien et d'Eléonore dans Des bleus à l'âme, roman-essai paru en 1972 (et je vais donc m'empresser de le lire ! :)

J'y ai immédiatement retrouvé un humour décapant, une maîtrise de la langue et de l'ironie qui m'a ravi à chaque réplique. le personnage de Sébastien, cynique, désoeuvré et désespéré, est particulièrement savoureux.

Au fil des répliques, on découvre les tensions d'une famille spéciale, dont les membres semblent forcés de se côtoyer, sans vraiment s'apprécier. Un jeu complexe de manipulations autour du jeune homme qui s'invite au milieu de ces hôtes étranges, qui cherchent tous les moyens possibles de se désennuyer, à ses dépens …

J'ai vu que cette pièce avait été adaptée en téléfilm en 2008 par Florian Zeller et Josée Dayan. Cette dernière explique son choix ainsi :

“J'aime Château en Suède car c'est pour moi un véritable thriller sentimental. Françoise Sagan dresse avec une redoutable adresse un portrait cruel et élégant de l'aristocratie décadente. La formidable adaptation de Florian Zeller est pour moi l'occasion de rendre compte d'un complexe jeu de sentiments, d'une petite musique de la douleur entre comédie de moeurs et bal des vampires.”

Je me trouve parfaitement d'accord avec cette citation et cette définition de l'oeuvre : un véritable thriller sentimental, avec à la fois de la cruauté et de l'élégance.

Difficile de vous en dire plus sans dévoiler les ressorts de cette courte pièce, qui sort des canons théâtraux classiques avec brio ! A découvrir : à voir ou à lire !
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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« Château en Suède » est la première pièce de théâtre de Françoise Sagan : une pièce en quatre actes Qui fut représentée pour la première au théâtre de l'atelier le 9 Mars 1960.

Huit personnages, plus deux : un château, l'hiver …
Huit personnages : Hugo et sa soeur Agathe descendants d'une noble famille, la première femme d' Hugo, Ophélie que tout le monde croit morte, Eléonore la deuxième femme d'Hugo et son frère Sébastien, Frédéric un cousin éloigné, la grand-mère et Gunther le serviteur… Ajoutons à cela tous les ingrédients d'un vaudeville : de l'adultère, des relations incestueuses, des faux meurtres, de la folie....

Bon ! Autant le dire tout de suite, je ne suis pas particulièrement amateur de vaudeville… « des portes qui claquent, des cocus qui défilent inlassablement sur la scène » disait François Chalais… mais pourquoi pas…

Au final, une pièce sans grand intérêt… Sauf pour Sagan elle même, pécuniairement parlant… A moins qu'elle ne se soit réellement amusée à écrire certains passages « à choquer le bourgeois »…Et ça, ça n'a pas de prix…
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Qui s'attendrait à tomber sur un vaudeville à l'humour grinçant dans la bibliographie de Françoise Sagan? Certainement pas moi et pourtant, cette pièce de théâtre en est un bel exemple.

Un huis-clos, quelque part en Suède, dans un château cerné par la neige. Parés de costumes issus d'un autre siècle, se croisent les propriétaires du lieu (frère et soeur), l'épouse de Monsieur, morte pour le reste du monde, la concubine de Monsieur, que tout le monde prend pour son épouse, le beau-frère pique-assiette régulier de l'endroit, un cousin tout droit débarqué de la ville, une vieille mère avachie dans son fauteuil et un domestique.

Voilà une pièce de théâtre, dont, pour une fois, j'ai vraiment bien apprécié la lecture. D'ordinaire, je reste toujours sur ma faim avec le théâtre écrit qui ne s'apprécie vraiment que joué mais il faut avouer que le vaudeville se prête quand même bien à la lecture.
L'histoire est servie par des personnages hauts en couleurs et les dialogues se suffisent à eux-mêmes pour bien se les figurer. L'ensemble est teinté d'ironie et d'humour noir et j'ai terminé ma lecture dans un grand éclat de rire sur la dernière réplique.
Je suis maintenant curieuse de découvrir les adaptations qu'en ont fait Roger Vadim en 1964 et Josée Dayan en 2008.
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Bienvenue en Suède ! Bienvenue surtout chez les Falsen, authentiques aristocrates suédois, à la longue lignée remplie de héros en tout genre. Les deux derniers représentants sont Hugo et sa soeur Agathe. Celle-ci est passionnée par le XVIIIe siècle et impose à tous de s'habiller ainsi. Gare au modernisme ! Et pourtant, du sang "neuf", il y en a avec Eléonore, la seconde épouse, et Sébastien, son frère, tous deux parisiens. L'un ne va pas sans l'autre. Il y a aussi la présence obsédante de la première épouse d'Ophélie, décédée. Sa présence est obsédante parce qu'elle est bien vivante, elle a simplement été déclarée morte (et enterrée) pour que Hugo puisse épouser Eléonore (et adopter Sébastien, le frère pot-de-colle, profiteur, et pas vraiment moral. Scoop : sa soeur non plus).
Bien que l'action se passe en Suède, j'ai trouvé que nous étions davantage dans un vaudeville dramatique parisien. Les personnages s'ennuient, sauf Hugo, bien trop occupé pour cela, et Gunther, le domestique fidèle d'entre les fidèles. Alors, pour se désennuyer, quoi de mieux que l'arrivée d'un beau, jeune et lointain cousin, Frédéric, qui tombe amoureux d'Eléonore ? S'ennuivent des intrigues, des jeux plus ou moins dangereux et des bons mots échangés - jusqu'à ce que la neige fonde.
J'ai eu l'impression que Françoise Sagan voulait jouer avec les conventions du genre, notamment dans la manière dont la temporalité était utilisé (les ellipses du premier acte, par exemple) ou toutes les actions hors-scènes (ce qui se passe dans la cave avec Gunther, par exemple). Je me demande ce que donnerait cette pièce jouée aujourd'hui sur scène.
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C'est une étrange maison ce "Château en Suède", pièce de théâtre écrite par Françoise Sagan publiée en 1960. Et si elle aime le théâtre elle aime aussi faire rire. J'ai donc lu avec plaisir cette comédie à suspense. Je regrette juste de ne pas l'avoir vu jouer sur scène mais on imagine facilement les personnages très typés de ce huis clos à la Agatha Christie.

La scène se déroule dans un château isolé et même coupé du monde quand la neige arrive. La maîtresse de maison Agathe Falsen impose à ses hôtes le port du costume d'époque. C'est une psychorigide qui aime la tradition. Il faut dire qu'elle cache sous son toit les deux jeunes femmes de son frère Hugo. Eléonore l'actuelle et Ophélie qu'il a fait passer pour morte afin d'épouser Eléonore. Car chez ces gens-là on ne divorce pas, Monsieur !
Quand le cousin Frédéric arrive pour passer quelques temps en famille, il tombe amoureux d'Eléonore qui répond à ses avances sans aucun attachement. Alors que la neige empêche tout départ, Frédéric se trouve coincé entre son amour et Hugo le mari bourgeois à l'allure de bûcheron pour qui l'adultère donne envie de commettre des crimes. Alors, forcément, la cohabitation va devenir difficile surtout quand le jardinier disparaît.

Grâce au théâtre, Françoise Sagan réussit à renouveler une histoire de famille et de triangle amoureux, plus drôle que tragique. Cela m'a donné envie de lire ses autres pièces.

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Présentée comme une pièce de théâtre en quatre actes, Château en Suède étonne par une succession de situations cocasses et inattendues. Personnages déjantés et situations délirantes parsèment cette drôle de pièce écrire par Sagan en 1960.
Un vaudeville revisité, entre comédie de moeurs et mélancolie inventive, par lequel l'auteur nous offre sa vision du théâtre. Une écriture rythmée et précise pour un genre qui n'est cependant pas la plus grande force de l'écrivain. Une pièce intéressante et rapide néanmoins moins piquante et spirituelle que ses précédentes oeuvres.
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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