Projet Phoenix, tome 1 : Phase 1

_ Un insecte géant ? Liam se pétrifia sur place. Il avait déjà horreur des insectes, des araignées, des milles-pattes, - toutes ces minuscules bêtes aux milliers d'yeux et aux pattes poilues -, alors une bestiole de cette taille voulant le tuer, c'était pire que tout ! Plus il en apprenait sur le monde qui l'entourait, plus ses chance de survie s'amoindrissaient.

Le sommeil léger, il s'était réveillé en pleine nuit, pensif. Il avait fait le point sur toutes ses visions et en avait intelligemment déduit une information importante ; il en distinguait trois types. Celles à la Phoenix Academy, de façon continuelle, celles avec la brume, les corbeaux et la silhouette, de manière répétée, et celles de la veille, avec la jolie jeune femme, horriblement douloureuses

Cette bête mi-homme mi-taureau, tenait fermement une hache, si tranchante qu'avec sa force brutale, elle pourrait trancher un membre en un seul coup.
Un Minotaure !
Liam venait de trouver.
C'est une créature mythologique, une créature de fiction. Comment peut-elle être réelle ?

La terre sous leurs pieds s’agita, vibra, s’ébranla, tremblant de terreur. Elle se fractura, en quatre, puis en milliers de petits éclats projetés dans l’air pur. Un ver géant, long, épais et visqueux surgit d’un trou profond. A peine une seconde après avoir sorti ses milliers de petits yeux brillants à l’air libre et repéré ses cibles, il replongea un mètre plus loin, fracassant à nouveau la terre sur son passage pour retourner dans son terrain de chasse.

Cette créature était d’une longueur dantesque ; un pont jaunâtre, couvert de saletés, se formait pendant un instant, jusqu’à ce qu’elle regagne entièrement son antre ténébreux;

Un séisme remarquable se forma sous les déplacements chevronnés de la bête géante.

Affolés et terrorisés, les survivants se dispersèrent dans quatre directions opposées.

Les balles et les flèches étaient impuissantes. Tapie dans l’ombre, la mort n’avait jamais été aussi redoutable qu’à cet instant.

En deux minutes, la zone était complètement ratissé, mais aucune plaque circulaire n'était visible, aucune entrée, aucune sortie, aucune échappatoire. C'était un aller sans retour.

Les hommes hurlèrent à s'en briser les cordes vocales dans une harmonie terrifiante. L'enfer venait de rejoindre la surface de la Terre.

Sous ces jurons incessants, Chantal décida de quitter la pièce sans perdre un instant, sous l'oeil avisé des garçons.

- Putain, mais il allait le descendre !

Tayler vit rouge à son tour. Les veines de son cou manquaient de se faire plus visibles que ses tatouages. Le ton de Liam s'éleva à son tour.

- Si on le tue, on ne sera pas mieux que les monstres !

- La seule façon de survire à ces monstres, c'est de devenir un monstre soi-même. Et si tu ne l'as pas encore compris, t'es plus con que j'le pensais !

Il se rendit dans la salle de bain et passa de l'eau glacée sur son visage. Il tremblait de tout son être. Puis il retourna se coucher, près d'Angel. Impossible de fermer l'oeil, pas une seule fois.

Il faisait nuit désormais. Liam se tenait au bord du lit, les mains jointes, pensif. Il était bouleversé. La tristesse l'envahit un instant, suivi d'une profonde colère qui ne cessa de monter minute par minute. Il regardait droit devant lui, telle une machine, comme s'il avait tout compris, comme si les sombres secrets enfouis au plus profond de sa mémoire avaient ressurgi. Comme si... il se souvenait de tout.

Il s'empara de son carquois de flèches et de son arc, et quitta le château.

La jeune femme avait des sourcils épais. Ses yeux étaient d'un marron des plus banals. Une longue chevelure rousse descendait en cascade sur l'ensemble de son dos. Sa tignasse, emmêlée, était dans un piteux état; la nature avait glissé tout un tas de saletés trahissant le fait qu'elle dormait dehors, dans la forêt, depuis très longtemps.

Les yeux grands ouverts, il était pétrifié de voir cette horreur d'aussi près. Jamais il n'avais vu une chose aussi hideuse de toute sa vie. Ce visage de damné. Cette peau consumée. Ces dents jaunâtres affreusement repoussantes. Cette haleine putride. Ce regard à la fois perçant et impitoyable.