7.
entre toi et moi, les cordes sensibles se
tendent autrement, ta voix au loin hésite,
tes phrases s’enchaînent avec difficulté, tu
chancelles, laisses des blancs entre les
mots, tu dis j’ai rangé / mes armoires / j’ai
fait du tri / dans mes placards, et dans la
distance, j’entends des rimes, des scansions
p.17
Florence Saint-Roch
1.
tu tiens ce premier ventre
vivante
par ce cordon
au placenta qui vous rattache
l’une l’autre
battant votre mesure
votre temps d’eau
sans parole
encordées
au bout du fil
dans la distance
votre électricité ombilicale
reliant vos voix
dans l’absence
de sens
p.25
Maud Thiria
1.
au bout du fil, une heure par jour et
plus encore, ma tête occupée par l’oubli
qui évide la tienne, je ne sais pas
exactement à qui je parle quand je
t’appelle, tu t’effiloches, t’embrouilles
confonds tout, vite, je redéfinis les
paramètres, pour toi je refais le monde
avant qu’il ne s’effondre pour de bon
p.11
Florence Saint-Roch
10.
tu tiens à bout de doigts
coutures sutures ligatures
un fil sans cesse cassé
rompu par les années devenues secondes
en un clin de paupière
un fil qui se résorbe
organique inorganique
ça te suppure à l’intérieur
ça se détache lentement
et tu t’enflammes
ça se déchire lentement
dans ta chair
et tu sens le cordon se couper
la ligne se courber à se rompre
-il reste encore des jours
si tu restes ans voix ?
p.34
7.
tu tiens ce dernier fil
dévidant le cocon
en un tissu soyeux
aux courants de vos mondes
derrière les ondes
les chiffres recomposés
chaque matin
code de vos chants secrets
que la nuit n’oublie pas
vous tenez
en croisée incertaine
fil de chaîne sur fil de trame
vous tenez à un nœud
vous tenez à un chiffre
défilant au clavier
vos cordes
à l’unisson
p.31
Maud Thiria
4.
tu tiens pleine
à son vide
derrière la corne épaisse
de sa mémoire
tu n’as de cesse
de tirer le cordon
ca te sonne à l’intérieur
tes tympans hurlent parfois mais
tu n’as de cesse
de tirer sur les fils
pour qu’elle danse encore un peu
pour qu’elle marche en funambule
sur du vide
entre les maisons
de ton enfance
retrouvée
p.28
11.
sept jours sur sept, opiniâtre, fidèle au
rendez-vous, je t’épelle, implacablement je
te force à toi-même, je te redonne les
noms et les choses, sachant que bientôt,
il n’en sera plus question, tout sera
oublié, nous serons dans la relation à
l’état pur, nous n’aurons plus besoin de
mots
p.21
5.
mater obliviosa, tu ressasses, radotes,
rabâches, négligeant l’aval, tu remontes
à tes propres sources, tu nages à contre-
courant, sans cesse j’essaie d’inverser le
mouvement, mais le plus souvent, je n’y
parviens pas, tes souvenirs d’antan te
happent, tu t’y dérobes, t’y absorbes, tu
n’es plus là pour personne
p.15