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Critique de ceanothus


Le jeu était de chercher chez Saint-Simon (Folio tome 1) les personnages cités dans L'Echange des Princesses de Chantal Thomas. J'avais une idée toute faite de Saint-Simon, celle d'un aristocrate grincheux, envieux, d'un courtisan souffrant d'être évincé et se réfugiant dans une adoration continuelle du passé : tout était mieux avant. En fait c'est un vrai plaisir de lecture et pas seulement parce qu'on se plonge dans les potins de la Cour. La description des événements (sa mission en Espagne lorsqu'il va chercher les deux princesses), les portraits des contemporains sont d'une précision étonnante, l'analyse psychologique est très fine, la satire redoutable (c'est vrai que l'on pense à Proust qui admirait beaucoup Saint-Simon). Il est capable d'amitié et même de fidélité. C'est ce que l'on voit quand il parle du Régent, victime du pouvoir et de ceux qui l'entourent. « On a peine a comprendre à quel point ce prince était incapable de se rassembler du monde, je dis avant que l'art infernal de Mme de Maintenon et du Duc du Maine l'en eut totalement séparé, combien peu il était en lui de tenir une cour, combien avec un air désinvolte il se trouvait embarrassé et importuné du grand monde, et combien dans son particulier, et depuis dans sa solitude au milieu de la cour, quand tout le monde l'eut déserté, il se trouva destitué de toute sorte de ressource avec tant de talents qui devaient être une inépuisable d'amusements pour lui ». L'oeuvre est immense. Difficile d'en faire le tour. Il s'agit pour lui de tout raconter, de tout décrire de ce monde de déréliction destiné à passer. Tout est dit dans l'Avant-propos.
« Ecrire l'histoire de son pays et de son temps, c'est repasser dans son esprit avec beaucoup de réflexion tout ce qu'on a vu, manié, ou su d'original sans reproche, qui s'est passé sur le théâtre du monde (…) ; c'est se montrer à soi-même pied à pied le néant du monde, de ses craintes, de ses désirs, de ses espérances (…) ; c'est se convaincre du rien de tout par la courte et rapide durée de toutes ces choses, et de la vie des hommes ; c'est se rappeler un vif souvenir que nul des heureux du monde ne l'a été et que la félicité ni même la tranquillité ne peut se trouver ici-bas (…) ».
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