L’amitié était presque aussi bonne que l’amour, pensa-t-il.
Et plus durable.
(Metailie, p. 133)
Je ne décolère pas depuis des mois je ne croyais pas que le cynisme, la lâcheté et la médiocrité politiques pouvaient encore m'ulcérer à mon âge. J'en ai ras-le-bol des mensonges de ces eurocrates, de leurs euphémismes de novlangue orwellienne. Compétitivité, désindexation, externalisation... les écouter donne envie de vomir.
En vérité, je ne vous imaginais pas nourrir ce genre de préjugés. Savez-vous qu’au temps de l’Inquisition, ces pauvres roux étaient considérés comme des adorateurs potentiels du diable? C’est stupéfiant, tant de bêtise…
(Metailie, p. 195)
Il est hystérique à cause de la situation et de cette fichue crise, il se sent démotivé et très angoissé, la chose l’affecte bien plus qu’il ne sera jamais prêt à le reconnaître, mais côté santé il va bien. Il est attristé par la situation instable de sa fille, qui n’a rien trouvé en Espagne et a dû repartir à l’étranger, tu vois à quoi ça sert dans les parages d’avoir un dossier universitaire extraordinaire.
Ceux qui n’ont pas su épargner ou investir à temps et qui maintenant en sont réduits à venir ici proposer leur or à la va-vite ne bataillent jamais. Ils parlent très bas, certains chuchotent même, pour ne pas se faire remarquer. Mais même lorsqu’ils discutent au début les estimations et les prix, comme s’ils apportaient des lingots et les joyaux de l’Empire au lieu de bagues bon marché et de broches médiocres, ils sont résignés par avance à ce qu’on va leur donner, ils savent qu’il y a des tarifs. Cette bande larmoyante de ratés ne sait qu’implorer.
Un veuf récent et affligé croit “voir” dans son dernier enfant l’image même de la femme perdue, et ne se rend pas compte qu’en le choyant à l’excès il court le risque de l’éduquer de travers et de le pourrir…
De sa vie et ses amitiés en dehors de la boutique il faudra que ce soit ses enfants qui vous en parlent, ni lui ni moi n’étions très portés aux confidences. Plus qu’organisé, il était méthodique. Et parcimonieux. Il l’était même avant de devenir veuf. Il connaissait son métier comme personne dans la profession et il s’en vantait. Il lui suffisait d’un regard pour calculer les carats, la pureté, la taille d’un bijou, comme je vous le disais personne au monde ne pouvait le tromper. Rien ne lui échappait.
Vous savez, les apparences sont trompeuses, nous ne devrions pas trop nous fier aux premières impressions. Cependant, Satan en personne n’aurait pas pu le berner, il possède, il possédait un esprit privilégié, comme il n’y en a pas deux, parce qu’il savait lire dans celui des autres comme, vous connaissez l’expression, dans un livre ouvert.