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Critique de horline


Lionel Salaün a beau être français, il nous offre un véritable roman américain qui a pour cadre le Sud profond du Mississippi.
La loi sur les droits civils est passée et les années écoulées depuis ont la vertu d'éloigner le Mississippi de ses fantômes mais il suffit de pas grand chose pour raviver la haine raciale dans ce coin baigné de chaleur moite où les Noirs vivotent toujours «dans une excroissance misérable de la ville à laquelle conduisait, vers l'Est, une méchante route de terre battue finissant en cul-de-sac dans le bayou».
Ray Harper venu de Detroit est loin de se douter qu'en venant ici éclaircir le mystère autour de ses origines il va réveiller de vieilles rancoeurs...Nous non plus d'ailleurs, même si le suspense naît moins de la chute que de l'attente qui la précède.
On progresse dans l'histoire lentement avec une narration douce, quelque chose de calme qui semble mener vers une vérité floue. Rien de hâtif dans le rythme avec cette atmosphère qui exprime toute la rusticité d'un environnement hostile et d'une population méfiante à l'égard des étrangers, surtout lorsqu'ils viennent de la ville ou du Nord. Les pages hantées par de vieux démons, on retrouve l'ancienne frontière sécessionniste comme si le temps était immuable et les choses intangibles.
Mais rien n'est figé car Lionel Salaün ne néglige rien. Si Whitesand baigne dans un sentiment de torpeur, entre pesanteur inquiétante et sécheresse électrique afin de laisser l'histoire monter doucement en tension et en apprécier la matière sombre, le récit met avant tout les hommes de valeur à l'épreuve. A la manière des romans américains, on retrouve la volonté de célébrer l'amitié, la bravoure et la loyauté. Un peu comme dans les films qui ont fait la gloire de John Darabont. C'est peut-être pour cela que j'ai davantage eu le sentiment d'avoir affaire à des acteurs qu'à des personnages de roman. Une sensation de déjà-vu mais avec un dénouement un peu trop théâtral à mon goût. Comme un film américain en somme.
Le seul élément réellement perturbant est l'écriture : bien qu'elle soit racée et élégante, sa densité la rend parfois sinueuse. Les phrases sont longues, très longues même, il faut s'y habituer,adopter une vitesse de lecture accélérée pour en apprécier la substance. Pas évident quand on est une amoureuse de la lecture lente.

Whitesand reprend parfaitement les codes de la littérature du Sud et l'auteur français a un réel talent pour nous plonger dans une atmosphère, fixer et révéler l'instant, saisir les brusque variations de tension. Bref, Lionel Salaün a un grand sens de la narration avec un regard cinématographique. Mais un style assaini m'aurait évité de finir certains passages essoufflée.
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