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Critique de ValentinMo


Face à un marché du livre en plein tourment, plusieurs maisons d'éditions font le pari d'exhumer des oeuvres rares et oubliées… C'est notamment le cas des éditions Michel Lafon qui ont fait le choix de publier ce roman de 1904 signé par Emilio Salgari, un écrivain de romans d'aventure, présenté par l'éditeur comme « le Jules Verne italien ». Cette figure majeure du roman populaire en Italie, n'avait jusque là que très peu été traduit en France.

Fiodor et Rokoff, deux négociants des thé russes sont condamnés à mort en Chine pour un meurtre qu'ils n'ont pas commis. Il sont alors sauvés in extremis par un mystérieux capitaine aux commandes d'une formidable machine volante appelée « L'Épervier ». S'ensuivent des péripéties hautes en couleurs à travers la Chine et le Tibet...

« Les Aventuriers du Ciel » s'inscrit dans la même veine que « Vingt Mille Lieues sous les Mers » de Jules Verne, à la différence qu'il ne s'agit ici pas d'un sous-marin mais bien d'un aéroplane pouvant voler à la vitesse de 20 km/h.

Il est bon de replacer ce texte dans son contexte, puisqu'il a été écrit au début des années 1900 ! le lecteur est embarqué sur cette fabuleuse machine volante pour un voyage à la Jules Verne ou à la Marco Polo comme on n'en fait plus… D'un autre temps au sens propre du terme car les différents personnages rencontrés sont dans le texte de véritables caricatures, vus avec des yeux d'Européens de l'époque, autrement dit de « gens civilisés ». En cela, on peut regretter des descriptions qui ont mal vieilli - quitte parfois même à choquer le lecteur contemporain - notamment dans sa vision des populations « autochtones ».

Si le lecteur arrive à prendre un peu de distance avec tout cela, il pourra pleinement profiter des nombreuses péripéties et descriptions des lieux traversés, dont une partie est issue de l'imagination de Salgari, qui n'est jamais sorti d'Italie !

Soulignons d'ailleurs le travail colossal des deux traductrices, Ismene Cotensin-Gourrier et Cécile Terreaux-Scotto, qui non seulement ont su recréer le style énergique propre à Emilio Salgari, mais surtout se sont échinées, à l'aide de plusieurs spécialistes de l'histoire chinoise et du monde asiatique, à resituer et à corriger en bas de pages les références et toponymes utilisés dans ce roman. Un travail hélas un peu vain dans le sens où Emilio Salgari ne travaillait qu'à partir de cartes d'encyclopédie, de récits de voyages, et n'a jamais voulu témoigner ni de la réalité absolue d'une région du monde où il n'a jamais mis le pied (l'auteur va même jusqu'à inventer une chaîne de montagnes là où il n'y en a pas), ni d'une érudition personnelle longuement acquise.

Ces quelques imprécisions mises à part, on peut surtout regretter un récit qui se contente d'être une suite de mésaventures de l'équipage à la merci des troupes tartares, des troupeaux de yacks furieux ou des moines tibétains sanguinaires. le seul échappatoire étant à chaque fois : s'échapper dans les airs à l'aide de « L'Épervier ». Toutes ces mini-aventures, souvent invraisemblables, s'enchaînent à un rythme frénétique sans avoir de liens entre elles, et sans véritablement mener nulle part.

Un véritable livre d'aventures, dans le sens le plus classique du terme, qui souffrira pour certains d'une géographie approximative alors que d'autres loueront au contraire une imagination impressionnante. Toujours est-il que « Les Aventuriers du Ciel » souffre de longueurs et de nombreux piétinements, qui accentuent le vide de la trame narrative.
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