Quel courage !
Fénelon en a gros le bourrichon de Louis Capet et ses guerres incessantes, ses faux dévots et sa dispense inconséquente des caisses de l'Etat. Il se fait le relais des pauvres sujets en quête de pain et de paix.
« C'est l'enfer, et non pas Dieu, que vous craignez. » Il dit ses 4 vérités au despote, sans détours. Je m'interroge, comment
Louis XIV peut-il réagir à une telle missive ? Et qu'est-il arrivé au pauvre
Fénelon, après cet excès de sincérité ?
Pas grand-chose, pour la bonne raison qu'il n'est pas avéré historiquement que cette lettre fut lue par
Louis XIV ni qu'elle fût même expédiée.
C'est le hic,
Fénelon se serait « lâché » tout seul, la plume fielleuse, l'encrier exaspéré, dans son petit coin. Certains prétendent qu'il aurait fait circuler anonymement cette lettre auprès des proches du monarque, notamment
Madame de Maintenon, épouse morganatique du Roi, afin que ceux-ci puissent l'avertir du danger dans lequel sa politique conduisait le pays.
Il n'en reste pas moins que ces avertissements sonnent comme une prémonition, avec plusieurs siècles de recul il parait difficile de ne pas faire le lien entre les dérives de l'absolutisme (pléonasme : comment l'absolutisme pouvait-il ne pas dériver ?) et les soubresauts de la Révolution française quatre-vingts ans plus tard.
Quant à
Fénelon, précepteur du petit-fils de
Louis XIV, il finira tout de même par tomber en disgrâce, sa charge plus subtile mais toujours assumée contre la monarchie absolue dans son ouvrage «
Les Aventures de Télémaque », premier best-seller de l'histoire, n'étant fatalement pas passée inaperçue…