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Critique de jffremaux


Ce roman nous emmène dans un voyage dans le temps et l'espace, en pays d'Angers, autour de la Loire et du Maine, depuis la révolution jusqu'à nos jours, non pas une chronologie mais plutôt une ballade où des souvenirs et témoignages émergent des différents lieux visités par l'auteur. Rien d'innocent dans ce périple, l'autrice est une militante agressive et obstinée, une va t'en guerre défendant sa philosophie et sa raison de vivre: la laïque et son athéisme contre les menaces mortelles qu'elles croit déceler dans les recoins de ces paisibles paysages multiséculaires, dans les layons et les rives du grand fleuve. On croyait le cléricalisme définitivement enterré, une doctrine disparue avec les curés de campagne et leurs soutanes, les comtes et marquis , et les sabots des valets de ferme; faites erreur, le diable est bien toujours vivant caché derrière la statue en croix aux yeux vides, prêt à s'abattre sur les acquis de la République et restaurer une fois encore le régime honni.
C'est vers la fin du livre qu'on trouve les chapitres les plus émouvants sur ses souvenirs de l'école publique: primaire et lycée, où le maitre et la maitresse avaient une vraie mission d'éducation, un vrai sacerdoce pour la transmission d'un savoir qui ouvrait l'esprit des jeunes enfants les sortait de l'obscurantisme et les amenait à la raison, à la liberté et au progrès social et moral, des chapitres dignes du Grand Meaulnes et de Pagnol, l'émotion et le talent en moins. Mais cet amour pour les hussards noirs et noires de la République s'accompagne d'une haine toute aussi forte pour l'enseignement libre, c'est à dire privé, c'est à dire catholique tel qu'on le trouve encore souvent dans ces régions de Loire et de Vendée. Et cette haine s'appuie sur un constat effrayant que cet enseignement illégitime est le fils de la Restauration, de la droite rarement républicaine, qui va du général de Bourmont, un des envahisseurs de l'Algérie, à François Fillon en passant par Falloux et par Maréchal Pétain nous voila. Bien génée par le souvenir de la guerre de Vendée où le petit peuple s'est soulevé et battu contre les armées de la république; l'auteur cherche dans les manoirs de la région des compromissions et des vilenies pour les discréditer, et pour cela elle saute sur la conquête de l'Algérie à laquelle participa un des nobliaux local et fait un lien bien improbable avec quelques remarques racistes glanées ça et là dans les films d'avant guerre cherchant à opposer l'idéal républicain de 89 et l'instruction publique avec la réaction catholique et l'aventure coloniale donc le racisme d'aujourd'hui: grand écart farfelu et anachronique. Au passage elle semble oublier que ce sont les athéismes modernes qui vont engendrer les pires horreurs au XX siècle : nazisme et communisme, et pas qu'en europe, la Chine en paye encore le prix. En conclusion ce livre est un document attachant autant par ses naïvetés que par des erreurs qu'on croyait à tort définitivement discréditées par l'histoire.
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