Je dis que j'essaie de t'oublier mais c'est un mensonge. J'essaie simplement de disparaître et , avec moi, la cause de ton départ.
Tu comprends, j'ai besoin d'un autre nous. De quelque chose de plus doux. De plus simple. Sans les complications du corps. Sans la sueur et sans la faim, sans toutes ces choses épuisantes. Juste les jolies lumières de l'amour élémentaire.
Je n'ai plus envie d'être amoureuse. De toute façon tu prends toute la place. Je veux juste aimer simplement. Sans plus jamais mêler le ventre à ça. p.88
Le vide c'est moi. Moi c'est juste le trou béant de toi qui s'épaissit chaque jour au lieu de se guérir. C'est le manque des yeux dorés et du parfum de ta peau. C'est rien d'autre.
Les gares sont pleines de gens qui s'aiment, que la vie a séparé, et qui se retrouvent là, sur le quai.
Alors, et c'est très joli, à voir, ils se prennent dans les bras. Ils lâchent toutes leurs affaires pour se serrer fort dans les bras et j'imagine des histoires. Ceux-là qui s'étaient quittés fâchés se sont réconciliés. Ceux-là ne se sont pas vus pendant cinq ans. Ceux-là se voient pour la première fois après s'être séduits sur internet.
Il y a ceux qui se précipitent pour porter les bagages de celui qui arrive, et celui qui arrive fait semblant d'être fatigué pour faire plaisir.
Ceux qui se serrent longtemps.
Ceux-là qui se fichent des gens qu'ils empêchent de passer. Pour eux le temps s'est arrêté. Ils se serrent forts et longtemps, leurs corps se parlent, eux ne disent rien. Leurs corps collés se disent "je t'aime", "tu m'as manqué" " tu me manques encore, viens plus près".
La musique de ta voix, ça ressemblait à quoi ? C'était chaud et plein de désir. Je veux dire, elle me rendait pleine de désir. Ta voix, elle se buvait. Ta voix, c'était du thé au gingembre.
Simplement, je regrette de ne pas avoir eu la place de l'absent. Elle est plus noble. Elle est idéale. On n'a besoin de faire aucun effort quand on est juste celui qui manque, à part celui de manquer sans cesse plus fort, ce qui est simple.
J'aurais voulu lui construire un abri et la protéger de l'orage.
Mais je n'ai jamais su la protéger de quoi que ce soit dans mes bras ouverts sur rien.
J'aurais dû te dire comme je t'adore et je pensais que tu savais. Je pensais que je t'écrivais blanc sur noir des je t'aime géants comme la Seine mais je l'ai toujours écrit en gris sur gris comme la Seine sur Paris.
Aux informations, ils ont parlé d'un suicide mais on n'en sait rien, ce n'est pas forcément ce qu'il s'est passé.
Tu me manques. Je ne sais pas dire ça autrement.
Le soleil vient de se planquer derrière les immeubles. Voilà exactement comment tu me manques.