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Critique de Diabolau


Si je reprends le pitch, j'y retrouve tout, si ce n'est les « deux fois quatre récits » que je n'ai pas su distinguer, mais peu importe en vérité : pour le reste, tout y est : des histoires indépendantes, un tout, le portrait d'un homme jamais tout à fait le même, mais jamais tout à fait différent, une progression, certainement… la perte, la douleur et le prix à payer, sans aucun doute.
Ce court opus – je crois que le terme vient de la musique, et il me paraît ici particulièrement adapté, tant cet ensemble ressemble à une symphonie avec ses mouvements successifs – se lit d'une traite, mais il gagne sans doute davantage à être dégusté. Au plan technique, c'est un travail d'orfèvre, ou d'horloger : il n'y manque pas une virgule, pardon, pas un silence, ni une croche. La partition des violons s'emboîte parfaitement avec celle des hautbois et des cors anglais, et avec toutes les autres.
Qu'on aime ou qu'on n'aime pas le propos de Patrice Salsa, il faudrait être particulièrement malhonnête pour ne pas reconnaître que ce très court recueil suffit amplement à prouver qu'il a l'envergure d'un grand écrivain.
Pour ma part, et je ne saurais objectivement dire pourquoi, il m'a fallu attendre le carrefour des deuxième et troisième nouvelles pour que je sorte d'une admiration clinique, et somme toute assez froide, du style, à une véritable émotion qui ne m'a ensuite plus quitté. Si ça se trouve, ça venait de mon propre état… ou pas. Je ne sais pas.
On se plonge progressivement dans une ambiance douce-amère, qui est finalement le propre de toutes nos vies, les plus chanceux ayant juste droit à plus de douceur et à moins d'amertume, alors que c'est l'inverse pour les autres. Et quand vient l'amertume, quand vient le deuil, nous nous réfugions tous, plus ou moins, dans cet abîme qui nous sauve et qui nous perd, et pas nécessairement dans cet ordre : la nostalgie. Ce texte m'a fait l'effet d'une immense bouffée de nostalgie, injectée avec la puissance d'un maître du genre, et je pense qu'il peut exercer un pouvoir très différent d'un lecteur à l'autre, selon son humeur en général, et aussi selon son humeur du moment.
Car Salsa est un musicien, mais c'est aussi un peintre. Et pas un peintre en bâtiment, avec tout le respect dû à cette profession. Il est assez rare qu'une toile de maître m'émeuve, mais quand cela arrive, j'ai bien souvent du mal à expliquer pourquoi cela m'émeut, et c'est un peu le cas avec ce recueil.
Saluons aussi cette capacité que l'auteur a su conserver d'appeler un chat un chat : même au milieu d'une élégance irréprochable, « baiser » (par exemple) continue à s'appeler « baiser » et pas autrement, selon le contexte. L'une des grandes forces de Salsa, c'est d'utiliser, en toutes circonstances, le mot juste, c'est-à-dire celui qui sonne vrai.
Une bonne vieille claque, donc, qui me conduira sans aucun doute à poursuivre mon exploration de l'oeuvre de cet auteur. Peut-être juste à déconseiller aux neurasthéniques. Et encore, je ne sais même pas. Peut-être faudrait-il au contraire leur conseiller...
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