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Critique de Arimbo


Un roman qui évoque de façon prenante, attachante, dure souvent, plusieurs thèmes de la souffrance humaine: celle horrible des migrantes et migrants venus d'Afrique subsaharienne, et celle non moins soutenable de celles et ceux qui, dans ces pays où l'homosexualité est un crime, découvrent leur transidentité. Un récit d'apprentissage aussi, qui, au travers de terribles épreuves, montre comment évolue et grandit Noureddine ou Nour, un jeune homme du Bénin qui se sent femme.

Après un prologue dont le lecteur comprendra le sens à la fin du récit, voici Nour qui arrive dans un camp de migrants et dont le dossier est rejeté par le HCR. Ce refus va la pousser à travailler pour les passeurs, ces sinistres et brutaux trafiquants de chair humaine, dont le chef, Amou, voit dans cette femme l'opportunité d'attirer les autres femmes, et potentielles clientes à la traversée de la Méditerranée. Mais une de ces traversées, accompagnée par Nour, est, comme beaucoup d'autres, un piège. Les pilotes des embarcations les abandonnent et les garde-côtes libyens, de mèche avec les passeurs, récupèrent les migrantes et les emprisonnent. Mais Nour trouvera, contre son gré, une main secourable, je n'en dis pas plus.

Ce qui est formidable et qui n'apparaît dans mon petit résumé, c'est la narration enlevée, faite de multiples péripéties, et de multiples protagonistes, certains inhumains jusqu'à l'abjection, d'autres rudes, avec leurs failles, mais remplis d'humanité et de bienveillance.
Et puis, il y a l'écriture, que j'ai trouvée vraiment magnifique, qui traduit, de façon constante, le flux des pensées et les souvenirs de Nour, et aussi d'autres personnages.

Oui, le roman est une force qui nous fait ressentir, souvent plus fort qu'un reportage télévisé ou qu'un écrit factuel, la « condition humaine » misérable des migrants.
Ces femmes et ces hommes dont l'espoir est de trouver en Europe un Eldorado, comme l'écrit si bien Laurent Gaudé, mais qui rencontrent en chemin, le pire de l'humanité. Viols, tortures perpétrés par les passeurs, mensonges et collusion avec les autorités du pays.
Ces femmes et ces hommes qui veulent échapper à la misère, à la brutalité de leur entourage, aux dangers de la guerre ou ceux liés à leur orientation politique ou sexuelle. Mais qui se trouvent confrontés, ce que le roman n'évoque pas, mais que nous savons, au rejet de cette population xénophobe qui est en train de prendre le dessus partout en Europe; population qui devait lire ce livre, mais je sais, c'est bien triste, elle ne le fera pas et préfère ne pas savoir, c'est tellement plus confortable.

Pour finir, je voudrais remercier l'Équipe de Babelio qui m'a retenu pour la lecture de ce livre, et les Éditions Eyrolles pour l'envoi d'un exemplaire de ce beau roman, que je ne suis pas prêt d'oublier.
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